Toure Kunda.

Publié le par Raimbourg Frantz-Minh

Mars 2019. Les frères Sixu Tidiane et Ismaïla Touré étaient à « Scène du Monde-Espace Prévert » (Savigny-le-Temple. Seine-et-Marne. 77). Nous avons profité de cette occasion pour les rencontrer et revenir avec eux sur leur longue et incroyable carrière.
Scène du Monde-Espace Prévert. Mars 2019. (Photo: Frantz-Minh Raimbourg)

Scène du Monde-Espace Prévert. Mars 2019. (Photo: Frantz-Minh Raimbourg)

Nés au milieu du siècle dernier au sud-ouest du Sénégal, à Ziguinchor en Casamance, la jeunesse des Touré, entre règles familiales strictes et  liberté, ressemble à celle de beaucoup d'enfants africains. Le père vient d’une famille de griots et dès  l’âge de 6/7 ans, ils apprennent à confectionner leurs propres tambours avec l’aide bienveillante de leur mère. Leur éducation musicale doit beaucoup aux rites initiatiques, en particulier le « Djambaadong » ("La Danse des feuilles"). Leur aîné Amadou, lui-même musicien et chanteur  (au sein entre autres de la troupe théâtrale « la Fraternelle » ou de la formation  « Espéranza jazz » puis de « l’Orchestre de la Garde nationale » de Nouakchott en Mauritanie) aura également une grande influence sur leur parcours artistique.
En 1975, Ismaïla qui veut voyager et découvrir l’Europe arrive à Paris. Il participe à la vie des émigrés en donnant des cours d’alphabétisation. Le soir, il compose, participe à quelques concerts. Il va jouer entre autres avec « le West African Cosmos », qui pratique une forme de jazz-rock aux accents africains et qui obtiendra une petite reconnaissance de la part d’un public d’initiés. Deux années plus tard, Sixu Tidiane le rejoint. Très rapidement, les deux frères comprennent qu’un projet musical véritable ne peut exister qu’à travers leurs deux personnalités associées.
Ils commencent à se faire connaître au cours du fameux « Africa Fête » organisé à l’Hippodrome de Pantin en 1977. Ils donnent ensuite une longue série de concerts au Théâtre Dunois à Paris. Un premier opus paraît (Les Frères Griots. Celluloïd/Mélodie) avec entre autres  la première version de leur titre Em’ma. Ils adoptent définitivement le nom de Touré Kunda (La Famille éléphant en Soninké).  En 1979, le grand frère Amadou les rejoints, le succès devient de plus en plus important et un deuxième album voit le jour (Turu. 1982. Celluloïd/Mélodie)
En 1983, au cours d’une soirée à « la Chapelle des Lombards », haut lieu parisien des musiques Caraïbes, Amadou décède d’une crise cardiaque. Cette tragique disparition donnera lieu à une soirée d’hommage au Casino de Paris où de nombreux artistes africains se relayeront sur scène. C’est également lors de cet évènement que la danseuse Seynabou Diop va faire son entrée au sein de la « Famille Eléphant ». Le troisième disque (AmadouTilo/ Le Soleil d’Amadou) est bien naturellement dédicacé au défunt.
Toure Kunda.
En 1983, « le Printemps de Bourges » organise une soirée sous son grand chapiteau avec le groupe antillais Malavoi, Bernard Lavilliers et les Touré Kunda. La même année, le jeune frère Ousmane rejoint la troupe. Après un album entièrement acoustique (Casamance au Clair de Lune. Celluloïd/Mélodie), le live Paris-Ziguinchor (Celluloïd/Mélodie), qui suivra une tournée mémorable à travers l’Afrique, sera dans les bacs et se vendra à l’époque à plus de 200 000 exemplaires.
Les tournées se succèdent, les galettes aussi (Natalia. Celluloïd/Mélodie. 1985, Karadindi, anciennement Toubab-Bi. 1986 . Tréma/RCA, Salam. 1990, Sounké (Live). 1991, Sili Beto. 1992). La fratrie et leurs amis musiciens participent à de nombreux festivals français et européens et sont invités à célébrer de grands évènements tels le Sommet France-Afrique en 1983, la réélection du Président François Mitterrand ou l'arrivée sur le Parvis des Droits de l'Homme au Trocadéro de Nelson Mandela lors de la visite officielle de celui-ci en France.
New Morning. Paris. Mai 2018. (Photo: Frantz-Minh Raimbourg

New Morning. Paris. Mai 2018. (Photo: Frantz-Minh Raimbourg

Scène du Monde-Espace Prévert. Mars 2019. (Photo: Frantz-Minh Raimbourg)
Scène du Monde-Espace Prévert. Mars 2019. (Photo: Frantz-Minh Raimbourg)

Scène du Monde-Espace Prévert. Mars 2019. (Photo: Frantz-Minh Raimbourg)

Au milieu des années 1990, Ismaïla et Sixu Tidiane redeviennent un duo. Mouslai est dans les bacs en 1997 et Terra Saabi lui succède au début de ce nouveau siècle. En 1999, le célèbre guitariste Carlos Santana invite les frères sur son best seller Supernatural et reprend avec eux le titre Guerilla Africa. Ils feront ensuite la première partie de sa tournée européenne. En 2008, paraît Santhiaba du nom du quartier de Ziguinchor où ils ont grandi.

Toure Kunda.
Le dernier album Lambi Golo est paru pour les 40 ans du groupe ?
Ismaïla: C'était une belle occasion de fêter l'évènement ! On a invité quelques musiciens comme Manu Dibango, Alune Wade, Lokua Kanza, Kiddus I et Carlos Santana. Ce dernier joue sur notre reprise d'Em'ma devenue  Emma Salsa.
Sixu Tidiane: Au début de notre carrière, les concerts, les albums… tout allait très vite. On était jeunes et fous (rires) ! Il fallait y aller et s'imposer. Cette fois, on a vraiment voulu prendre notre temps. Les chansons étaient prêtes. On allait au studio, on revenait quelques semaines après...
Quel regard avez-vous sur votre carrière ?
I: Sans doute celui de quelqu'un qui fait un long parcours et qui se retourne pour regarder derrière. Et c'est à ce moment là qu'on se dit qu'il y a encore des choses  à faire...
ST: Comme dans chaque groupe, il y a eu des moments formidables, d'autres plus difficiles… Je pense cependant et en toute modestie que nous avons ouvert une route.
 
                               Article et entretien réalisé par Frantz-Minh Raimbourg.
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