Kala Jula (2023)

Publié le par Raimbourg Frantz-Minh

Entretien avec le compositeur, arrangeur, percussionniste, homme de radio et programmateur de festivals Vincent Zanetti du duo Kala Jula (avec Samba Diabate), à l’occasion de la sortie de « Asro » enregistré avec le légendaire Gangbé Brass Band et le jeune chanteur Fama Diabate.
Diaporama. Photos : Lauren Pasche.
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Diaporama. Photos : Lauren Pasche.

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Diaporama. Photos Copyright : Suzy Mazzanisi.
Diaporama. Photos Copyright : Suzy Mazzanisi.
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Diaporama. Photos Copyright : Suzy Mazzanisi.

La dernière fois que nous nous sommes rencontrés, c’était en 2017 lors de la sortie de  « Mande Kulu »* !
Tout à fait, ce disque était déjà « un pas de côté » par rapport aux déclinaisons traditionnelles de la musique du pays mandé au Mali. Dans Kala Jula, il y a toujours la notion de voyage. Nous avions invité Jacky Molard et Hélène Labarrière qui apportaient leur sensibilité celte à un projet pourtant bien défini entre Samba Diabate et moi.
L’histoire du  nouvel album a commencé bien avant la période du ou de la Covid. Le Gangbé Brass Band est un orchestre de fanfare du Bénin fondé en 1994 et la première grande section de cuivres d’Afrique de l’Ouest. Je les avais déjà rencontrés en tant que  journaliste et producteur en charge des musiques traditionnelles du monde à la RTS Espace 2. Nous les avons revus après un concert que nous donnions en Suisse et nous avons rapidement pensé à enregistrer un album en commun avec eux. Samba me parle alors du jeune chanteur originaire du village malien de Kela, Fama Diabate, le fils du joueur de jeli n’goni Mahamadou Diabate  et petit neveu du célèbre Kassé Mady Diabate. On part là-bas faire une première résidence. On fait des repérages, je prends des photos, tout se passe bien… Mais quelques jours après notre retour, on apprend la disparition de l’illustre grand oncle. A la suite de cette triste nouvelle, les répétitions commencent en Suisse avec le Big Band pour travailler en particulier sur l’aspect rythmique des pièces proposées. Celles-ci proviennent de la tradition mandingue, du répertoire de la formation historique béninoise et on y retrouve même quelques-unes de mes anciennes compositions. Plusieurs autres chansons ont été  créées spécialement pour la voix de Fama.
Le concert présenté à Monthey en Suisse en octobre 2019 avec la fanfare, Fama et Mahamadou, célébrait à la fois la mémoire de Kassé Mady et un « panafricanisme artistique assumé ». Cela a été un succès et une tournée était prévue. Malheureusement, le/la Covid a tout arrêté ! Tous les musiciens ont dû rester chez eux. Heureusement et grâce à la captation vidéo que nous avions fait du spectacle (paru ensuite en DVD), nous avons pu leur envoyer de l’argent en Afrique. Le CD de l’évènement est sorti ensuite avec l’appui entre autres du compositeur/arrangeur/musicien Jean-Philippe Rykiel.
Que s’est-il passé ensuite ?
Pendant les deux/trois années qui ont suivi cette période, nous n’avons pas pu vraiment tourner. Pour des questions de plannings, de budgets ou de logistiques, il y a eu un « grand embouteillage » de spectacles et les programmateurs ont été malheureusement obligés de faire des choix…
Le Gangbé Brass Band a refait une tournée en France et en Europe en 2022. J’ai été mandaté par une fondation internationale basée à Lausanne pour créer l’habillage sonore d’une radio du service public au Mali. Avec Samba, nous avons continué à travailler à distance. Le projet Kala Jula est toujours d’actualité.
Kala Jula (2023)
Revenons à « Asro » qui est donc  le « live » du concert à Monthey !
L’idée de départ était de raconter une histoire entre des artistes qui viennent du même continent mais qui ont une histoire, une langue, une religion distinctes (Il y a d’ailleurs une courte partie parlée qu’on peut voir et entendre dans le DVD). C’est la vie d’un jeune dont les cousins lointains sont aux Etats-Unis parce qu’un de leur aïeul commun a été capturé et vendu comme esclave. Il y a entre autres des chansons sur l’éducation, sur la nécessité de scolariser filles et garçons... Le fil rouge, c’est la voix et la présence de Fama qui représente la jeune génération de griots, qui joue également du balafon et qui avait déjà fait des concerts en Europe.
Les arrangements de cuivres ont été réalisés très rapidement par le Gangbé. Mais c’est un  spectacle en contraste et en équilibre. Il y a à la fois les cordes et les percussions de Kala Jula et la puissance sonore et subtile de la fanfare inspirée par l’Afrobeat de Fela Kuti. Comme on le disait, il y a des différences harmoniques et  rythmiques  importantes  entre les musiques de ces deux régions. Le Mali est en majorité un pays musulman, le Bénin fait appel à la religion vaudou. C’est grâce à la confiance, l’écoute et la compréhension mutuelle entre ces artistes tous nourris de la tradition ancestrale que nous sommes parvenus à cette fusion créative.
                                      Entretien réalisé à Paris par Frantz-Minh Raimbourg.
*Lire l’Entretien avec Kala Jula et Jacky Molard sur ce même site (13 Septembre 2017)
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