Eric Bibb.

Publié le par Raimbourg Frantz-Minh

Entretien avec le célèbre bluesman que nous avions rencontré il y a quelques mois à l’occasion de la sortie de son dernier album.
Diaporama. Photos : Yan Malmstrom.
Diaporama. Photos : Yan Malmstrom.
Diaporama. Photos : Yan Malmstrom.
Diaporama. Photos : Yan Malmstrom.

Diaporama. Photos : Yan Malmstrom.

Racontez-nous votre jeunesse musicale !
Je suis né à New York  dans une famille de musiciens. Mon père Leon Bibb était un militant des droits civiques afro-américain, un acteur et un chanteur  reconnu dans les années 1960 sur la scène folk newyorkaise. Le pianiste et compositeur de jazz John Lewis du Modern Jazz Quartet était mon oncle et Paul Robeson mon parrain. J’ai eu la grande chance de côtoyer des personnalités comme Pete Seeger, Odetta, Joan Baez, Josh White, Phil Ochs ou Bob Dylan qui étaient pour certains des amis de la famille. Un jour, mon père m’a emmené à un concert de charité et  m’a présenté à Woody Guthrie, c’était incroyable ! C’est à travers les chansons de tous ces grands artistes que j’ai compris rapidement la situation politique et sociale des Etats-Unis.
J’ai obtenu ma première guitare acoustique à l’âge de 7 ans. J’ai intégré la « High School of Music and Art » de New York à treize ans pour étudier la guitare, la contrebasse, le piano et le chant. A 16 ans, j’ai accompagné mon père dans son émission de télé avant d’aller à l’Université de Columbia.  Plus tard, je suis devenu musicien et c’était pour moi la chose la plus naturelle du monde.
Que s’est-il passé ensuite ?
À l'âge de 19 ans, je suis parti à Paris. J’ai rencontré entre autres le guitariste Mickey Baker qui a collaboré avec Ray Charles et Memphis Slim. Puis j'ai voyagé en Suède avant de retourner aux Etats-Unis et de revenir à nouveau à Stockholm. Loin de l’agitation new-yorkaise, j’ai trouvé là-bas un terrain propice à la création.
Mon tout premier disque fait en France date de 1971. J’ai tout réalisé moi-même sur un magnéto Revox dans l’appartement d’un ami. Il y a eu deux exemplaires, j’en ai donné un à ma mère et j’ai gardé l’autre (rires) !
Le premier opus « officiel » est paru en 1994 et se nomme  « Spirit and Blues ». Il y a eu ensuite « Good Stuff » enregistré live dans la capitale suédoise en 1997, qui a eu du succès et qui m’a permis de voyager dans de nombreux pays pour présenter mes chansons.
Impossible de citer tous vos albums… Quels sont ceux néanmoins qui ont une résonance particulière dans votre parcours ?  
Tous sont importants et représentent un moment de ma vie. Je citerai cependant « Me to You » (1997), « A Family Affair » (2002) en duo avec mon père, « Diamonds Days » (2006) et « Get On Board » (2008). En 2010, j’ai voulu rendre hommage à Bukka White dans « Booker's Guitar ». Il y a aussi  « Deeper in the Well »  qui évoque les bayous de Louisiane et « Brothers in Bamako » avec mon ami le Malien Habib Koité.
Au fil des années,  j’ai eu la chance de collaborer et/ou d’enregistrer avec The Blind Boys of Alabama, Richie Havens, Taj Mahal, Jean-Jacques Milteau,  Popa Chubby, Mavis Staples et beaucoup d’autres…
Comment définiriez-vous votre musique ? 
Elle est enracinée dans le blues, mais comporte des éléments de folk, country, gospel et musique soul. C’est un peu la définition de la musique Americana. Troubadour est le mot qui, à mon humble avis, me décrit le mieux (sourire).
Comment composez-vous ?
J’écris et je compose tout le temps. Mes textes évoluent au fur et  à mesure de mes voyages et de mes rencontres.  Beaucoup de chansons sont encore sur mon cahier de notes et n’ont pas été enregistrées.
Eric Bibb.
Eric Bibb.
La couverture de votre dernier opus ("Ridin". Label Dixiefrog*)  s’inspire d’un tableau du peintre Eastman Johnson : « A ride for Liberty » !
Oui. Cette belle œuvre de 1862 montre des esclaves en fuite pendant la guerre de Sécession. Eastman a beaucoup peint la vie quotidienne de l'Amérique rurale et des portraits des gens des campagnes. Il a été également co-fondateur du Metropolitan Museum of Art de New York. 
« Ridin’ » a été produit, mixé et arrangé par Glen Scott. Pendant la période du ou de la  « Covid », j’ai eu le temps de le préparer. C’est une collection  de chroniques sur l’histoire de ce pays que j’aime tant, avec ses souffrances et  ses espoirs. Je parle de liberté et j’évoque la lutte contre la ségrégation et  pour les droits civiques, de mauvais souvenirs comme le Massacre de Tulsa en 1921 ou le courage de l’écrivain et journaliste John Howard Griffin qui a publié  « Dans la Peau d’un noir » en 1961. Il y a un hommage au bluesman Son House. Enfin, il y a des titres avec Taj Mahal et Jontavious Willis ( « Blues Funky Like Dat »), le roi de la new soul Harrison Kennedy (« Call me by my name »), Amar Sundy (« O Got my own »)  et Habib Koité (« Free »). Je joue du banjo à six cordes et de plusieurs guitares dont mes Fylde faites à la main en Angleterre par l’atelier du luthier Roger Bucknall.
                              Entretien réalisé à Paris par Frantz-Minh Raimbourg.
* Lire l'article sur "Dixiefrog. François Maincent et André Brodzki" sur ce même blog.

 

 

 

Publié dans Blues

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