Jean-Luc Thomas et Gab. Faure (2023).

Publié le par Raimbourg Frantz-Minh

Rencontre avec Jean-Luc Thomas à l’occasion de la sortie de son nouvel album réalisé en compagnie du violoniste Gab Faure.
Photos : Alain Le Bourdonnec.
Photos : Alain Le Bourdonnec.

Photos : Alain Le Bourdonnec.

Notre dernier entretien date du début de l’année 2020. C’était avec le journaliste Jean-Pascal Assailly à propos de l’album « «Oficina Itinerante» (NDLR : lire l’article sur ce même blog). Que s’est-il passé depuis ? Parle-nous de la naissance de ton duo avec Gab Faure.
L’histoire a commencé réellement juste avant le premier confinement en décembre 2019. J’étais revenu dans ma région après trois ans de tournée  avec Zingaro. On me propose à ce moment là de participer à  un fest-noz afin d’amener des fonds pour un village au Mali.  Dans les années 1990, j’avais collaboré au sein de groupes comme Pellgomz, Dibenn ou encore  Hastañ et je n’avais pas envie de refaire la même chose, je rêvais de quelque chose de différend. J’appelle donc Gabriel que je connaissais déjà depuis longtemps et nous nous mettons d’accord pour créer un duo dans la lignée des vieux sonneurs biniou bombarde, mais avec nos instruments violon et flûte. On refait un deuxième concert en soutien aux migrants et puis le /la Covid arrive en mars 2020… C’était une période très anxiogène, j’ai des amis qui nous ont quittés, je pense notamment au guitariste Jacques Pellen. J’avais besoin de voir du monde. Alors, avec un petit ampli et un micro, je suis allé jouer sur la pelouse de l’Ehpad où était ma maman. Cela s’est su et j’ai continué dans d’autres endroits semblables de ma région en Bretagne. Je précise que j’avais la possibilité de le faire et que ce n’était pas interdit.
Un jour, un directeur d’une salle de spectacle m’a proposé  de venir me produire dans l’établissement où habitait sa mère, mais cette fois en duo avec un musicien et toujours à l’extérieur parce qu’il était bien entendu impossible de rentrer dans le lieu même. J’ai sollicité à nouveau Gab Faure.
C’est ainsi que le duo Thomas/Faure s’est constitué. Cela n’a pas été simple et il a fallu beaucoup de temps et d’engagement. Au début, notre répertoire était essentiellement composé de danses, mais quand on s’est retrouvé pour faire quelques concerts d’abord dans les EHPAD, puis dans les camps de réfugiés à Calais et à Grande-Synthe, on a rapidement compris qu’il fallait varier ! C’est dans ces derniers lieux qu’on a appris entre autres des morceaux soudanais.  Il y en a d’ailleurs un qui est sur le disque (« Ports/ Al Ayyam al khalidah » de Hafiz Abdelrahman Mukhtar)
Photos : Michèle Misan.
Photos : Michèle Misan.

Photos : Michèle Misan.

Visuel CD : (c)Nolwenn Blouin - Tryptyk.

Visuel CD : (c)Nolwenn Blouin - Tryptyk.

Parlons maintenant du nouvel album Gwiad (Label Hirustica) !
Le nom signifie tissage en breton et évoque les nombreux liens qui nous animent. Comme je le disais, au départ on avait un répertoire fest-noz. On a ajouté des morceaux irlandais, brésiliens puis des musiques venues des Balkans et enfin des compositions personnelles. Notre musique a des couleurs multiples et a pris forme lors de nos périples et de nos rencontres.
Pour cet opus, on voulait retrouver le contact direct avec le public. On a organisé deux soirées à la salle de l’Enclos de l’Éphémère, à la médiathèque de Rostrenen (Côtes-d’Armor) devant une vingtaine de personnes par jour. On a eu quelques invités : le percussionniste David Hopkins et Marcelo Costa (Pandeiro).
Le titre « Waltz for Ukraine » a toute une histoire. Il avait d’abord été joué lors d’une tournée récente en Pologne. Une ancienne élève, Patrycja Betley (Handpan) qui habite à Varsovie avait  organisé un concert pour nous dans cette ville afin de récolter des fonds. C’était le tout début de la guerre en Ukraine et les réfugiés arrivaient très nombreux dans ce pays. On a rejoué le morceau lors de nos soirées à Rostrenen et Patrycja s’est ensuite greffée dessus lors de la réalisation du CD.
Et maintenant ?
Le duo peut s’adapter facilement. On peut jouer en acoustique ou en s’amplifiant légèrement, que ce soit sous les ponts (rires), dans une salle de spectacle ou au milieu des danseurs lorsqu’il s’agit d’un fest-noz !
Nous sommes des musiciens voyageurs. Dans mon cheminement artistique, j’ai toujours ressenti le besoin de partir, revenir et repartir… C’est un peu comme ça que je vois ma musique.  Je joue actuellement également en trio avec Gabriel et Korentin Le Davay et en quartet (Jean-Luc Thomas Quartet. « Sillons ») sur mes compositions en compagnie de Simon Le Doaré (contrebasse), Hugo Pottin (batterie), Timothée Le Net (Accordéon) ou Martin Chapron (Guitare-Bouzouki). Et puis il y a un solo qui se prépare et qui va s’appeler « Le Souffleur de Rêves ».
De son côté, Gabriel a sorti un album avec Toutã formé autour des compositions du guitariste Tibo Niobé,  il a un duo de musiques à danser avec le sonneur Titom et un solo nommé « Extrasystoles » autour d’histoires d’amour.
                                         Entretien réalisé par Frantz-Minh Raimbourg.

 

Publié dans Folk

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