Kandy Guira.

Publié le par Raimbourg Frantz-Minh

Entretien avec la chanteuse burkinabé à l’occasion de la sortie de son premier album.
Photos : Gaelle le Targat.
Photos : Gaelle le Targat.

Photos : Gaelle le Targat.

Parle-nous de ton enfance musicale !
Je suis née au milieu des années 1980 en Côte d’Ivoire à Abidjan, une ville où de nombreuses musiques et cultures se croisaient. A l’âge de 5 ans, j’ai suivi mes parents au Burkina Faso à Ouagadougou.  Je me suis très vite passionnée pour la musique, j’écoutais de tout, beaucoup de grandes voix comme  Miriam Makeba, Angélique Kidjo, la Sud Africaine Brenda Fassie mais aussi Whitney Houston et même Céline Dion. Mes parents étaient très religieux et il n’y a jamais eu de chanteurs dans notre famille. Ils n’étaient donc pas ravis de cette passion naissante. Mais j’ai passé outre heureusement…
J’ai commencé ma carrière en faisant mes classes dans des cabarets, comme danseuse avec le Ballet National du Burkina où j’ai appris les rythmes des différentes ethnies du pays, avec l’AFB (Atelier Théâtre Burkinabé) puis au sein d’un groupe d’artistes handicapés. Dans le même temps, je travaillais dans le social. J’ai également fait du mannequinat.
La rencontre avec  Abdoulaye  Cissé a été déterminante ?
Tout à fait. Il est  à la fois chanteur, auteur-compositeur et guitariste. C’est une icône de la chanson de notre pays depuis les années 1960 jusqu’à aujourd’hui. Son groupe et lui jouaient souvent tout près de là où j’habitais, j’y allais discrètement pour ne pas me fâcher avec mes parents et c’est ainsi que ce grand musicien m’a « pris sous son aile ». J’ai travaillé avec lui pendant 3/4 ans.
Photos : Gaelle le Targat.
Photos : Gaelle le Targat.

Photos : Gaelle le Targat.

Que s’est-il passé ensuite ?
J’ai été lauréate de la SNC (La « Semaine nationale de culture du Burkina Faso », l'un des plus grands festivals du pays) et sélectionnée pour Via-Intolleranza, un projet de village opéra lancé par l’Allemand Christoph Schlingensief qui réunissait un groupe de vingt danseurs et musiciens africains. Je suis partie en tournée pendant plusieurs mois en Europe et partout dans le monde. Pendant cette période, je passais tellement de temps dans les avions que j’ai eu envie de poser mes valises quelque part. En 2008, je me suis finalement  installée en France.
Rapidement, j’ai collaboré en tant que choriste avec Cheick Tidiane Seck, Oumou Sangaré, Manu Dibango, Amadou et Mariam ou encore le Bal de l'Afrique Enchantée…
En 2009, j’ai fait paraître un  premier single autoproduit (« M’Ba ») en hommage à ma mère qui était, je le rappelle au départ réfractaire à ma vie de chanteuse.  Puis, il y a eu en 2019 la rencontre avec Clément, DJ, parisien et producteur qui a abouti à l’enregistrement de l’EP « Tek la Runda » (« Je prends les rênes ! »). Il y a eu également un deuxième single (« Comme toi ») dédié aux malentendants et aux personnes handicapées.
Actuellement, je fais partie  aussi des « Amazones d'Afrique », « super-groupe» féminin panafricain formé au Mali en 2015. La formation actuelle est composée de Mamani Keita, Fafa Ruffino et de moi-même. C’est un projet créé pour encourager les femmes à se réunir, se lever et combattre l'injustice.
Illustration couverture CD : Jean-Marc Lejeune.

Illustration couverture CD : Jean-Marc Lejeune.

« Nagtaba » est ton tout premier album solo officiel ?
Oui. La réalisation s’est faite en plusieurs parties. Il y a d’abord eu une période de résidence avec notre partenaire « Le Tamanoir », un lieu dédié aux musiques actuelles à Gennevilliers. Je suis ensuite partie à Abidjan au MASA ( (le Marché des Arts du Spectacle d’Abidjan). Puis, il y a eu le premier confinement. Je me suis retrouvée bloquée six mois au Burkina Faso. C’est finalement là-bas que le disque a été créé, dans une ambiance familiale et conviviale, d’où son titre « Ensemble » en langue mooré.
Je compose souvent en marchant et mes pas sont la base du rythme. J’ai appelé ma musique,  « Faso électropop », un style pour faire le lien entre mes deux patries, de la pop africaine avec des rythmes traditionnels et un soupçon d’électro.  
Les textes évoquent l’amour, l’éducation, les difficultés de la vie et en particulier celles des femmes et des handicapés… Je n’aime pas chanter pour ne rien dire.  
Sur scène, on est quatre musiciens accompagnés d’une chansigneuse, interprète artistique de la langue des signes et ceci afin que mes chansons soient accessibles au plus grand nombre.
                                    
                              Entretien réalisé à Paris par Frantz-Minh Raimbourg

 

 

 

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