Dafné Kritharas.

Publié le par Raimbourg Frantz-Minh

Il y a un an, nous recevions dans l’émission radio Folk à Lier, la chanteuse franco-grecque à l'occasion de la sortie de son premier album. Un succès à la fois public et critique, de nombreux concerts et un deuxième opus en préparation… Autant de raisons pour revenir sur son parcours.
Café de la Danse. Paris. Juin et Septembre 2018. (Photos: Frantz-Minh Raimbourg)
Café de la Danse. Paris. Juin et Septembre 2018. (Photos: Frantz-Minh Raimbourg)

Café de la Danse. Paris. Juin et Septembre 2018. (Photos: Frantz-Minh Raimbourg)

Racontez- nous vos débuts musicaux !
Je suis née au début des années 1990. J'ai vécu jusqu'à l'âge de deux ans en Crète. Mon père était grec et féru de plongée sous-marine. Malheureusement, cette passion l'a perdu… Après sa disparition, nous sommes revenues en France avec ma sœur et ma mère. Afin de préserver un lien fort avec nos racines paternelles, elle nous parlait grec et nous amenait deux mois par an là-bas. Pendant mon enfance et mon adolescence, nous avons continué d'écouter des musiques et des chansons populaires de ce pays, que ce soit par les disques ou en direct. Je me rappelle des amis qui sortaient les bouzoukis après le travail et se mettaient à chanter. Je trouvais cela magnifique et j’essayais de poser une deuxième voix sur ce que j’entendais ! J'ai été bercée également par les chants judéo-espagnols qu'interprétait ma cousine, la violoncelliste Bahia El Bacha. Chanter a toujours été pour moi une nécessité, une raison de vivre, presque une manière de respirer... Je n’ai pas fait d’études de musique, mais c’est en voyageant dans les pays du sud de l’Europe et dans les Balkans que j’ai nourri mon répertoire et ma soif d’apprendre. J’ai découvert des airs qu’on retrouvait parfois sous différentes formes d’une contrée à une autre.
Café de la Danse. Paris. Juin et septembre 2018. (Photos: Frantz-Minh Raimbourg)
Café de la Danse. Paris. Juin et septembre 2018. (Photos: Frantz-Minh Raimbourg)
Café de la Danse. Paris. Juin et septembre 2018. (Photos: Frantz-Minh Raimbourg)

Café de la Danse. Paris. Juin et septembre 2018. (Photos: Frantz-Minh Raimbourg)

Parlez-nous de votre premier disque Djoyas de Mar ("Les Joyaux de la mer") !
Il est composé de 12 titres interprétés dans différentes langues : des chants judéo-espagnols, des airs venus de la tradition de Smyrne et des rebétikos. Les textes parlent essentiellement d’exil et du déracinement.
Et comment s’est passé la réalisation ?
Après un concert où je me produisais avec le guitariste/auteur/compositeur Paul Barreyre, François Azar le directeur de "Lior Editions" (spécialisé depuis 2014 dans la découverte de la littérature et de la culture judéo-espagnoles) m'a proposé de nous produire aux "Trois Baudets", la célèbre salle de spectacle parisienne. L'idée du CD a fait son chemin après ce spectacle. Nous avions déjà le répertoire, les arrangements ont été réalisés par mon cousin le pianiste Camille El Bacha et Paul. Tous les deux m'accompagnent sur scène avec le percussionniste Naghib Shanbehzadeh. 
Que peut-on dire de plus sur l’origine des différents titres ?
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les chants judéo-espagnol que j’interprète ne viennent pas d’Espagne. A la suite du décret de l’Alhambra (Edit d’expulsion par les rois catholiques en 1492), les juifs de ce pays ont du émigrer dans des régions dépendantes de l'Empire Ottoman: entre autres la Turquie (Istanbul, Smyrne), la Grèce (Thessalonique), la Bosnie, la Bulgarie et même la Syrie et la Palestine. En 1922, les grecs ont été chassés de Smyrne (aujourd’hui Izmir) et ont du rentrer en Grèce. C’est la rencontre entre ces réfugiés venus d’Asie mineure et les déshérités du Pirée arrivés des îles et des campagnes qui a donné naissance au rebétiko. C’est également  pendant cette période de l'entre-deux-guerres que des auteurs/compositeurs judéo-espagnols ont eu l’idée de transposer ces chants dans leur propre langue avec parfois des paroles un peu différentes. Ces musiques sont liées, elles n’ont jamais arrêté de se rencontrer, de se transformer et de se développer tout au long du XXème siècle.
Des projets ?
Un deuxième opus est en préparation. Il devrait sortir en juin 2020 en même temps que mon concert au Théâtre de la Ville à Paris. Il y aura certainement des chants des îles grecs et moins de rebétiko.
                                     Entretien réalisé à Paris par Frantz-Minh Raimbourg.
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article