Luis de la Carrasca.

Publié le par Raimbourg Frantz-Minh

Entretien avec le guitariste/chanteur espagnol à l’occasion de la sortie de son dernier album et de son concert parisien le 29 janvier dans le cadre du festival « Au Fil des Voix ».
Studio de l'Ermitage. Octobre 2019. (Photo: Frantz-Minh Raimbourg)

Studio de l'Ermitage. Octobre 2019. (Photo: Frantz-Minh Raimbourg)

Racontez-nous votre enfance musicale !
J’ai grandi en Andalousie dans la province de Grenade. L’hôpital du coin étant complet, je suis né dans la maison troglodyte de ma grand-mère avec l’aide d’une sage-femme. J’ai passé mon enfance dans une ferme qui portait le nom de « La Carrasca », ce qui signifie « le Chêne ». J’ai eu la chance d’avoir mon grand-père, mon père, un frère aîné, des oncles qui jouaient et chantaient du flamenco, surtout lors des fêtes et des cérémonies. C’étaient tous des « aficionados », des amateurs de très bon niveau. Par eux, j’ai été initié à cet art. Enfant, j’étais très timide, je chantais avec des copains de mon âge mais quand on me demandait de me produire devant des adultes, je n’osais pas le faire. J’ai d’abord été berger et j’ai débuté la guitare en surveillant mon troupeau de moutons (sourire).C’est plus tard, à l’adolescence que j’ai commencé à apprendre des chansons et des morceaux de différents styles.
A l’âge de 20 ans, vous quittez pour la première fois la ferme natale ?
Je suis parti à San Fernando vers Cadix, autre berceau du flamenco et la région entre autres du grand chanteur Camarón de la Isla. J’éprouvais déjà beaucoup de passion pour cette culture qui est incrustée dans mes gênes, mais c’est à partir de ce moment là et pendant une dizaine d’années que je m’en suis imprégné et inspiré, en l’étudiant, en écoutant tous les grands maîtres, les plus anciens comme les plus jeunes, en m’accaparant un maximum de savoirs. J’ai ensuite commencé à travailler en tant que « cantaor » un peu partout, dans les férias, les restaurants… J’ai rencontré d’autres artistes, participé à différentes formations…
Studio de l'Ermitage. Octobre 2019. (Photos: Frantz-Minh Raimbourg)
Studio de l'Ermitage. Octobre 2019. (Photos: Frantz-Minh Raimbourg)
Studio de l'Ermitage. Octobre 2019. (Photos: Frantz-Minh Raimbourg)

Studio de l'Ermitage. Octobre 2019. (Photos: Frantz-Minh Raimbourg)

Comment définirais-tu le flamenco ?
Je le considère un peu comme le blues andalou. A la base, c’est une musique des minorités, une forme artistique assez récente, 300 ans environ, venue des campagnes, du peuple… Ensuite, et comme dans beaucoup d’autres univers venus de la tradition, certains artistes l’ont fait évoluer pour la faire rentrer dans les salles de concerts, en Espagne, en France puis un peu partout dans le monde. C’est une forme artistique complète, en perpétuelle évolution qui combine la musique, le chant et la danse.
En 1991, vous vous installez à Avignon ?
Dès mon arrivée en France, je me suis aperçu qu’il y avait des personnes intéressées par le flamenco. J’ai présenté un premier spectacle au festival Off de l’évènement cette même année. Tout s’est enchaîné rapidement. J’ai monté l’association « Andalouse Alhambra » et la Compagnie « Flamenco Vivo ». Depuis, nous donnons l’occasion à de jeunes talents de se produire un peu partout en France et nous intégrons cette musique dans des pièces de théâtres classiques et contemporaines. Je citerai entre autres « El Cordobès » (d’après le livre de Dominique Lapierre et Larry Collins), « Ola Federico » (en hommage à l’œuvre de Federico Garcia Lorca), « le Cid, la légende Flamenco » de Pierre corneille et beaucoup d’autres.
Luis de la Carrasca.
Parlons maintenant de votre dernier disque « Gharnata » !
Il y a des  morceaux composés depuis un certain temps, d’autres sont plus récents. Je rends hommage à la musique flamenco, à des génies universels comme Antonio Machado, Federico Garcia Lorca ou Georges Bizet. Les textes évoquent un sentiment de nostalgie, les racines et la famille, mais également d’autres valeurs indispensables à l’humanité comme le respect, la volonté et bien sûr l’amour pour les autres et pour notre terre.
                                   Entretien réalisé à Paris par Frantz-Minh Raimbourg.
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