Philippe Roussel.

Publié le par Raimbourg Frantz-Minh

Le plus célèbre chanteur jeune public des Vosges revient avec un album…pour les grands ! Une parenthèse qui nous donne l’occasion de revenir sur le parcours pas banal d’un artiste attachant.
Concert de lancement de "Juste une Parenthèse" à l'Auditorium de la Louvière à Epinal le 31 octobre 2014. Avec Jean-Christophe Treille. (Photo: Frantz-Minh Raimbourg).

Concert de lancement de "Juste une Parenthèse" à l'Auditorium de la Louvière à Epinal le 31 octobre 2014. Avec Jean-Christophe Treille. (Photo: Frantz-Minh Raimbourg).

Quel a été le rôle de la musique dans ton enfance ?
Je suis né au tout début des années 1960. Mes premières émotions (et sans doute influences) musicales étaient les chansons qui passaient à l’époque à la radio. J’écoutais tout et je retenais assez facilement les mélodies et les textes. A cinq ans, mon frère m’avait fabriqué une guitare en carton avec des élastiques et j’allais chanter à tue-tête « Viens sur la montagne » de Marie Laforêt sous les fenêtres des voisins ! (rires)
Plus tard, j’ai enfin eu le tourne-disque de mes rêves… Dès que j’avais 3 francs, je partais m’acheter des disques…
A l’adolescence, j’ai découvert la musique Anglo-Saxonne à travers notamment Genesis, Pink Floyd, The Who, etc…et la chanson « à texte » avec Annie Flore puis Georges Brassens que j’adorais même si je ne comprenais pas forcément le sens de toutes ses paroles ! Il y a eu aussi Pierre Perret, Frédéric Mey, Maxime Le Forestier, Bernard Haillant et bien sûr Graeme Allwright (pour qui j’ai eu l’honneur d’écrire un titre pour mon CD « Les Voisins »). Je n’ai pas fait une école ou le conservatoire, mais j’ai commencé à apprendre la guitare vers 16 ans. Bref ! Rien de bien original pour quelqu’un qui vécu cette époque.       
Mes influences sont finalement très larges, du jazz à la chanson en passant par le rock… Je crois que c’est un peu comme les amitiés que j’ai liées…C’est au gré des rencontres, de mon humeur d’un jour et de la curiosité à aller vers les autres.
A quel moment as-tu commencé à travailler en direction des enfants ?
J’ai commencé ma vie professionnelle comme animateur dans des classes transplantées, puis dans une MJC (« Maison des jeunes et de la Culture ») de quartier. C’est là que j’ai commencé à chanter avec eux. Je reprenais des titres de grands pionniers comme Steve Waring, Pierre Chêne, Jacky Galou,… Rapidement, je me suis mis à écrire mes propres chansons.
Lorsque j’ai décidé de « quitter » l’animation, j’ai eu la chance de croiser la route de la Compagnie Dominique Houdart qui était implantée dans ma bonne ville d’Epinal. Avec eux, j’ai fait mes premiers spectacles, mes premières tournées mais surtout je me suis formé à différentes techniques (clown, mime, marionnettes, théâtre d’objets, etc…). C’était dans le milieu des années 1980. En 1988, j’ai pris « mon envol » en créant la Compagnie Philippe Roussel.
Depuis, il y a eu plus de 30 créations et au moins 130 titres enregistrées. Mon travail en direction des plus jeunes a toujours été un choix artistique que j’ai toujours assumé en « militant ».
 
Photos: X
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Comment composes-tu et écris-tu pour le jeune public ?
Un grand nombre des chansons qui composent mes albums ont été plus ou moins écrites lors d’ateliers que j’anime dans les écoles ou avec des enseignants. Bien sûr, elles sont retravaillées mais l’idée première et les mots sont respectés. Certaines, comme « Hou Hou le Loup » (avec des enfants de petite section à Reims) ou encore « J’aime les devinettes » sont même devenues des « incontournables ». On peut changer les paroles facilement et ainsi se les approprier encore plus. C’est peut-être pour ça qu’elles ont un certain succès auprès de nos chères têtes blondes. En toute modestie, je suis un peu leur porte-parole. 
Dans son ensemble, mon répertoire parle de l’enfance, s’adresse aux familles et ce sont aussi les parents qui s’y retrouvent… On me dit parfois : « En vous écoutant, on a l’impression que vous étiez chez nous l’autre jour ! ».
On retrouve tout le long de ton parcours artistique une certaine fidélité avec un grand nombre de musiciens (Jean-Christophe Treille, Philippe Drouot, Christophe Bardon entre autres) et chanteurs (Christian Ferrari) ! Une constance dans ton parcours ?
Oui ! En fait, je suis comme beaucoup…Ma vie est faite de rencontres et je préfère faire un spectacle (ou enregistrer un CD) avec une personne aux qualités humaines que je partage plutôt qu’avec un virtuose avec qui je n’ai pas grand-chose à dire… Mais j’ai eu beaucoup de chance jusqu’à présent, j’ai réussi souvent à trouver ces deux qualités chez les « collègues » avec lesquels j’ai collaboré…
 
 
Festival «  40 raisons de faire la fête, 10 ans plus tard". Novembre 2010 à Epinal. De gauche à droite: Philippe Roussel, François Lemonnier, Hervé Demon, Alain Schneider, Christophe Bardon, Claude Jardin (Photo: Frantz-Minh Raimbourg).

Festival « 40 raisons de faire la fête, 10 ans plus tard". Novembre 2010 à Epinal. De gauche à droite: Philippe Roussel, François Lemonnier, Hervé Demon, Alain Schneider, Christophe Bardon, Claude Jardin (Photo: Frantz-Minh Raimbourg).

Après les premiers albums, il y a eu le fameux « Comptines et Chansons » (suivi quelques années après d’un deuxième volume) avec le Quatuor Debussy qui a eu un grand succès ! Beaucoup de chansons de ce disque sont devenus des « classiques» ?
Je parlais « d’incontournables » tout à l’heure. Dans de nombreuses écoles, les enfants apprennent l’alphabet avec « Le Scarabée » qui est une relecture personnelle d’un ancien chant scout…
Je pense que l’orchestration (arrangements classique avec un quatuor de renommée internationale) a permis à cet album de beaucoup « circuler » et de faire connaitre mon travail à un public plus large.
Tu as organisé de nombreux événements sur Epinal et la région (« 40 raisons de faire la fête », « 40 raisons de faire la fête, 10 ans plus tard », Les Couleurs de la vie », 1ère biennale de la chanson jeune public, …) Pas seulement chanteur mais aussi organisateur ?
Je dirais…militant, fédérateur et…un peu « casse-cou » ! Depuis deux ans maintenant, j’organise en effet une manifestation autour de la chanson jeune public à Epinal qui s’intitule « Chansons d’hiver ». Je le fais de manière totalement bénévole, sans en retirer le moindre bénéfice financier et parce que personne d’autre n’a voulu « s’y coller » (rires). J’ai la chance d’habiter dans une ville où la municipalité est à l’écoute et où il existe une structure (« Scènes Vosges ») avec laquelle je peux faire ce travail autrement qu’en « Franc-tireur »… Depuis la première édition de cette biennale en 2013, j’ai la casquette de directeur artistique. Ce n’est pas simple car ma réflexion ne peut pas être uniquement affective, contrairement à tout ce que j’ai pu réaliser avant. Et forcément je sais que je vais peut être un peu perdre de ma « sympathie » envers certains collègues… Cela peut être source de malentendus…un programmateur s’en prend souvent « plein les dents » et je n’échappe pas à cette règle !
Quel regard portes-tu sur la chanson jeune public actuelle ?
Je suis et reste un modeste acteur de cette forme artistique. Je dirai simplement qu’il existe une richesse incroyable dans ce domaine qui n’est malheureusement pas assez médiatisé. .
Peux-tu nous parler du dernier album « Juste une parenthèse » ?
Il se trouve qu’il y a un peu plus d’un an, j’ai traversé une période de doute, de fatigue sans doute… J’ai eu envie de faire une courte pause dans mon activité de « chanteur pour enfants » et de parler de ce qui me touche sans m’adresser à mon auditoire « habituel ». Depuis plus de 20 ans, j’appliquais par conviction une sorte d’autocensure en refusant de dire à nos chères têtes blondes que la vie n’est pas toujours belle, qu’elle est parfois cruelle, injuste et qu’on n’y peut rien. Je crois qu’un artiste doit savoir se mettre régulièrement en danger et j’avais besoin de me mettre à écrire beaucoup plus librement, sans me mettre de barrières.
Alors que dire de ce disque et de ces nouvelles chansons ? Il y en a 17, réalisées assez rapidement, comme si je portais ces mots en moi depuis très longtemps… Elles racontent intimement des histoires universelles et j’espère qu’elles feront leur chemin dans le cœur du public.
                                  Propos recueillis par Frantz-Minh Raimbourg
Compagnie Philippe Roussel.
19 rue Cour-Billot, 88000 Epinal
Tél / Fax : 03-29-82-30-84
Facebook: Philippe Roussel
Le CD : Juste une parenthèse.
Philippe Roussel.
Le voilà donc ce premier album à destination des plus grands !
17 chansons où le chanteur se met en partie à nu et dévoile une autre facette de sa personnalité. Il est ici beaucoup question d’amour…évoqué avec finesse et sous toutes les coutures ! A la fois, source d’espérance mais aussi d’échecs, de solitude, de douleurs… Mais la galette n’est pas triste, loin de là ! Philippe Roussel sait aussi être tendre et drôle, toujours lucide, jamais mièvre ni donneur de leçon ! Un vrai condensé des sentiments humains que l’ami Vosgien nous offre là Et s’il fallait trouver un frère chanteur à l’artiste, ce serait incontestablement le grand Pierre Louki ; le même amour des mots, cet humour bien particulier qui frise parfois l’absurde et quelques intonations de voix proches !
Et puisque ce disque est une de ces « Rousselleries » qui sent bon l’amitié, n’oublions pas le beau travail d’orchestration du fidèle Jean-Christophe Treille (Programmation pianos, Contrebasse, Basse) et le savoir-faire des musiciens Christophe Bardon (Guitares, Banjo, Lap steel, Mandoline), Philippe Drouot (Sax soprane, Clarinette), Joey Reiter (Batterie, Cajon, Shaker), Maxime Vauthier (Accordéon) et le Quatuor de cuivres Cébaré. On peut aussi entendre quelques amis confrères invités, Alain Schneider, Jean-Philippe Vauthier, chanteur du groupe « Tournée Générale » et Christian Ferrari, présent comme auteur/compositeur dans la très belle chanson d’ouverture.
Ce projet a été en partie soutenu par de nombreux souscripteurs et un concert de lancement a été donné le 31 octobre dernier au Théâtre de La Louvière à Epinal avec tous les musiciens et invités du disque.
                                                     Frantz-Minh Raimbourg

Publié dans Chanson Francophone

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