Ny Malagasy Orkestra
L’Orchestre Malgache est en tournée en France jusqu’à la fin décembre.
Entretien avec Tao Ravao, le directeur artistique du groupe.
Racontez-nous comment s’est formé le Ny Malagasy Orkestra !
Il y a six ans de cela, j’ai fait une tournée à Madagascar pendant deux mois avec Justin Valli, lui à la valiha et moi à la kabosy. A la suite de cela, nous avons décidé de monter un orchestre au sein duquel seraient représentées plusieurs traditions musicales de notre île. Pour les interpréter, nous avons décidé de collaborer avec dix musiciens/chanteurs et parfois danseurs. Tous sont reconnus comme des maîtres dans leur domaine. C’est la première fois dans l’histoire de la musique malgache qu’une même formation réunit autant d’interprètes et créateurs venus de régions différentes, du Nord, du Sud, des Hauts-Plateaux ou de la Côte avec leurs particularités.
Tous les instruments majeurs de la culture malgache sont présents. La cithare tubulaire en bambou valiha est bien entendu jouée par Justin Valli qui est aussi directeur musical. Actuellement, on peut entendre le rare jejo voatavo (violon-calebasse) par Francis « Fafa » Rakotoson marovany, la petite guitare kabosy par Jean-Paul Zara, l’accordéon de Jean-Donné Ramananerisoa, le violon lokanga (vièle du pays antandroy) par Surgi Nofisoa, la guitare de Chrysanthe Vélomijoro, les mandolines de Gilberto Moravelo, différentes percussions par Dieudonné Randriamanantena …sans oublier dix magnifiques voix…
Mon rôle est de choisir et d’arranger notre répertoire. Avant cela, j’ai réalisé une dizaine d’albums pour différents labels (Indigo, Marabi Productions, Cobalt, Cinq Planètes). Cette expérience m’a beaucoup aidé pour la conception de notre premier CD.
Comment se passe la création du répertoire commun et comment gérez-vous la diversité que l’on retrouve à tous les niveaux dans le groupe ?
Chaque membre du groupe propose des compositions personnelles. Ainsi, les traditions musicales sont partagées, ré-écrites et revisitées. Derrière le travail de chacun, l’idée est d’arriver à un travail collectif, ce qui n est pas toujours évident… Mais on y arrive de mieux en mieux!
La création et l’existence du Ny Malagasy Orkestra ne se résume pas à une rencontre entre musiciens mais aussi à des objectifs qui dépasse le simple cadre artistique. Pouvez-vous nous en dire plus sur « votre philosophie » ?
Le NMO s’inscrit dans le « fihavanana », philosophie malgache qui veut tisser des liens d'entraide et de solidarité entre les différentes ethnies de l’île. C’est en quelque sorte une métaphore : là où les politiques échouent, la musique permet de réunir et de faire parler d’une même voix des traditions et des sensibilités différentes et de créer un monde ou chaque voix est en même temps unique et au service d’un collectif…une société idéale en quelque sorte....
Le groupe est-il différent sur scène et sur disque ?
Le répertoire est sensiblement le même. Il ne faut cependant pas oublier que tous ces musiciens viennent de la tradition orale où l’improvisation, comme dans le jazz, tient une grande place. Cette formule permet de varier et d’enrichir l’interprétation de façon permanente.
Quel est votre vision du futur du groupe ?
Mon plus grand souhait est que le Ny Malagasy Orkestra perdure le plus longtemps possible. Il y aura sans doute dans le futur des orientations différentes et d’autres musiciens… L’aventure ne fait que commencer et elle est sans cesse à réinventer.
Propos recueillis par Frantz-Minh Raimbourg.