Samuel Maingaud.

Publié le par Raimbourg Frantz-Minh

Entretien avec Samuel Maingaud à l’occasion de la sortie de son dernier disque « Odayin »  (l’Aéronote/In Ouïe Distribution).
Propos recueillis par Jean-Pascal Assailly.
Photo : Christophe Violland.

Photo : Christophe Violland.

Que veut dire « Odayin » ? !!
C’est le mot « air » en arménien, et je joue des instruments qui demandent de l’air !
Quelle est ta trajectoire musicale ?
Je suis né à Paris. J’ai fait des études classiques de saxophone au Conservatoire.  Puis j’ai joué du jazz dans des big bands, des quintets, j’ai accompagné des chanteurs de variété, entre autres Philippe Lavil. J’ai fait partie du groupe Siam, lauréat au concours de jazz de la Défense. Puis j'ai intégré les DéSAXés, un quatuor d’humour musical et de théâtre qui a bien marché. Avec cette formation, dont je suis membre depuis une quinzaine d’années,  on a joué partout...jusqu’en Chine. Depuis l’apparition du Covid, on a évidemment moins de dates ! Sinon, j’ai également mon propre studio de musique.
Photo : Christophe Violland.
Photo : Christophe Violland.

Photo : Christophe Violland.

Parle-nous de ce dernier disque ?
C’est mon premier album solo avec des compos originales parfois cosignées avec d’autres musiciens. J’avais déjà  réalisé  quelques « mélanges » avec les DéSAXés, mais ce qui est nouveau dans ce  projet, c’est le mariage avec l’orgue Hammond et l’absence de basse.
Ce que j’ai voulu, c’est détourner les codes, donner une atmosphère particulière à chacune des compositions, des couleurs de musiques traditionnelles dans des structures harmoniques jazz, ainsi que dans des ambiances de musique de films à la Elfman[1], avec différentes ornementations, parfois orientales, indiennes ou caucasiennes.
Quels sont les musiciens qui t'entourent ?
Il y a d’abord Nenad Gajin qui, de par ses origines serbes est imprégné des musiques du monde, et plus particulièrement de celles d’Europe centrale. C’est un guitariste très « énergétique », capable de jouer un solo bluesy dans le contexte d’un morceau issu de la tradition. Fred Dupont est pianiste rythmicien, spécialiste des claviers vintage dont l’orgue Hammond B3.  Yoann Schmidt, le batteur est un « vieux » complice de Fred Dupont. Le canevas de "Odayin" s’est enregistré autour de ce quartet. Plus tard,le percussionniste brésilien Adriano DD Tenorio et Nicho Vella les ont rejoints. Ce dernier a principalement œuvré dans les claviers additionnels, coloriant et donnant du corps aux morceaux. Quant à Adriano, sa maîtrise des différentes rythmiques en a fait un choix évident pour apporter les couleurs percussives nécessaires à ce projet.
 
[1]Daniel Robert Elfman, dit Danny Elfman, est un compositeur américain de musiques de films, ancien meneur du groupe de new wave Oingo Boingo. On lui doit la bande originale de la plupart des films de Tim Burton ainsi que les thèmes des génériques des séries télévisées Les Simpson, Les Contes de laCrypte, Flash et Desesperate Housewives.
Photos : Christophe Violland.
Photos : Christophe Violland.

Photos : Christophe Violland.

Si le saxophone est bien connu, parle-nous de ton autre instrument, le duduk ?
C’est un hautbois, devenu un des symboles de la musique arménienne. Il apporte une autre couleur à mes compositions. En France, on connaît le travail de Didier Malherbe avec son Haddouk Trio ou de Sylvain Barou en Bretagne, mais j’ai essayé de créer autre chose, avec des climats différents selon les morceaux.
Que peut-on dire à propos du jeu sur un duduk ?
Alors que le saxophone est à anche simple, le duduk est à anche double. Il  n’a qu’une tessiture d’une octave et une tierce, les demi tons sont difficiles (il faut faire des demi-trous avec ses doigts comme sur les flûtes traversières baroques ou irlandaises).
Je me suis approprié l’instrument en le détournant de sa pratique traditionnelle en modes et en le jouant plutôt en gammes. J’essaie également de trouver des bruitages : si on compare à Didier Malherbe qui timbre plus avec des anches très faibles, je suis plus proche des arméniens… D’ailleurs les puristes ne regardent pas toujours ces évolutions d’un bon œil ! En trad arménien, le grand maître est Djivan Gasparian. Levon Minassian qui habite à Marseille est plus dans une certaine modernité.
Autant le sax est facile à souffler, autant le duduk demande beaucoup plus de soutien et de vitesse d’air. Pour les saxophonistes de jazz, ce n’est pas toujours évident mais ma formation initiale dans le classique m’a permis d’acquérir cett technique. C’est comme avec un basson, il faut une pression énorme pour faire sonner… A la fin d'un morceau, les joueurs ont le visage écarlate !
La justesse au duduk est plus compliquée, ça se joue aux doigts et à l’embouchure ; on peut rajouter des clefs comme pour la flûte irlandaise, mais le son est beaucoup plus fermé, on perd en dynamique. J’en avais acheté, mais ça ne fonctionne pas pour moi …
Il y a des duduks dans toutes les tonalités et le plus aigu en fa est injouable ! L’instrument « traditionnel » est en la. Dans ce projet, le duduk est en do, il est plus aigu et cela passe mieux au-dessus d’un orgue et d’une batterie.
Photos diaporama : Christophe Violland.
Photos diaporama : Christophe Violland.
Photos diaporama : Christophe Violland.
Photos diaporama : Christophe Violland.
Photos diaporama : Christophe Violland.
Photos diaporama : Christophe Violland.
Photos diaporama : Christophe Violland.
Photos diaporama : Christophe Violland.

Photos diaporama : Christophe Violland.

As-tu des projets ?
Bien sûr. Il y a d’abord le concert de sortie de l’album (qu’on fera paraître également en vinyl) au Studio de l’Ermitage à Paris le Jeudi 14 Avril.  Puis on démarchera les festivals de jazz et de musique du monde. On retravaille aussi une création avec les déSAXés. Enfin, j’aimerai réaliser assez rapidement un second opus. Odayin, cela fait 3 ans que j’étais dessus du fait du covid !

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