Le Son Continu. Parc du Château d’Ars (36). 11 au 15 juillet 2018.

Publié le par Raimbourg Frantz-Minh

Par Caroline Barray.

Belle réussite pour cette cinquième édition du festival, reconnu en Europe pour ses rencontres de facteurs d'instruments traditionnels et qui se déroule à l'ombre du grand parc du Musée-Château d’Ars près de la Châtre dans le Berry.

La programmation s’affine d'année en année. On y retrouve : des ateliers danses, des scènes participatives, des conférences, des concours, des bals de nuit (Longskateurs, Boys Band Berrichons, Duo Rivaud-Lacouchie, Bal O'Cadjo, Manigale, Moizbat), mais aussi des scènes ouvertes et des siestes musicales. Une organisation qui gagne en efficacité, un public intergénérationnel d'aficionados… le Son Continu est l'endroit où il faut être dans l'année pour comprendre l'actualité de l'éventail actuel des musiques dites traditionnelles.

Soirée de clôture. Photo: Patrice Dalmagne.

Soirée de clôture. Photo: Patrice Dalmagne.

Sur la grande scène de la Clairière, l’événement s’est ouvert avec le Monde de Bohas qui donne  une bonne part à la cornemuse des Landes de Gascogne, puis le quatuor portugais Galandum Galundaina en fin de soirée.

Le lendemain, nous avons découvert des chants et danses du Berry avec le Trio féminin Euphrasie suivi d'une carte blanche offerte au uilleann piper Julien Dessailly qui nous a proposé un univers musical irlandais ouvert aux sonorités africaines.

Le troisième soir, nous avons assisté au concert à la voix du groupe San Salvador venu de Corrèze et à la prestation du Trio Petrakis/Lopez/Chemirani, un univers méditerranéen présentant une diversité d'instruments, cordes et percussions (lyre crétoise, zarb, bendir, daf) dont la vielle à roue.

La dernière journée, un grand bal du groupe Arquebuse fut organisé dans la cour du château, ainsi  que deux concerts avec le groupe écossais Northem Compagny et en clôture les Belges d’Hot Griselda. La coupe du monde de football qui avait été projetée fut suivie d'une déambulation musicale joyeuse !

San Salvador. Photo: Patrice Dalmagne.

San Salvador. Photo: Patrice Dalmagne.

Jacques Guyard. Photo: Patrice Dalmagne.

Jacques Guyard. Photo: Patrice Dalmagne.

Jacques Guyard, musicien et représentant de la commission artistique s’est félicité du bon déroulement de la manifestation : ce qui caractérise le Son Continu, c'est un ensemble, essentiellement axé autour du salon de lutherie, avec ce public passionné qui donne la couleur du festival, son inflexion et son ambiance. Il y a toujours des spectacles inédits, on essaie de proposer des découvertes, des surprises et des bons groupes orientés vers le bal. On reste dans le multiculturel sans pour autant avoir de grosses têtes d'affiche, en faisant jouer des lauréats des années précédentes comme par exemple Julien Dessailly. C'est le public qui oriente le festival vers le bal qui est en forte demande. Nous pensons y répondre plus favorablement l'année prochaine. Le budget augmente d'année en année avec un tiers de financement qui vient de l'état et des collectivités territoriales. Nous sommes une vingtaine d'organisateurs avec un fonctionnement collégial et un président, Pascal Pétoin. Une bonne entente règne parce que, tout étant les héritiers des Rencontres internationales des luthiers et maîtres sonneurs de Saint-Chartier (1976-2013),  nous sommes tous pratiquement musiciens et festivaliers qui avons repris en main le festival en 2014, avec des jeunes comme Etienne et Sylvain Pinoteau, notre jeune premier président, et des piliers comme Maxou, JF Heintzen.

Trio Petrakis/Lopez/Chemirani. Photo: Patrice Dalmagne.

Trio Petrakis/Lopez/Chemirani. Photo: Patrice Dalmagne.

Parquet. Photo: Jocelyne Gallais.

Parquet. Photo: Jocelyne Gallais.

Sébastien Tourny. Photo: Jocelyne Gallais.

Sébastien Tourny. Photo: Jocelyne Gallais.

Sébastien Tourny, luthier à la Châtre, président de la commission des luthiers, luthières (puisque les femmes y sont bien représentées) : nous organisons le placement des luthiers dont le nombre est exponentiel : 109 en 2014, 148 en 2017 et 158 cette année, dont des fabricants étrangers qui ont toujours une bonne place. le Son Continu reste d'ailleurs le plus gros rassemblement en Europe de cette profession. Avec une particularité, pratiquement tous les fabricants de vielle sur le marché européen sont présents au Son Continu. C'est là que le musicien peut choisir finement son instrument directement avec le luthier. La musique traditionnelle actuelle est une musique contemporaine jouée majoritairement sur scène par des jeunes, souvent de moins de 40 ans et qui peuvent donner deux heures de concert et une heure de bal avec leurs propres compositions. C'est une musique toujours en recherche de création, jouée par des hommes, des femmes et des enfants, sans distinction d'âge ou de genre. On reprend les thèmes traditionnels des danses mazurka, scottish, polka, etc… en recomposant sur ces rythmes. Si on parle en terme de nouveauté, elle se situerait actuellement dans le choix des instruments auxquels on ajoute des effets et des nuances avec du matériel électroacoustique comme le fait Grégory Jolivet qui joue avec beaucoup d'effets ou Romain Baudoin en Gascogne qui interprète avec une énergie électrique importante, dans un  genre « alternatif traditionnel ». La nouvelle génération nous fait vivre, elle va sur scène et nous fait de la publicité souvent de bouche à oreille.

Avant, on apprenait à travers des groupes folkloriques, maintenant on peut s’exercer dans les conservatoires et cela change beaucoup de choses. Il y a moins une identité historique ou territoriale mais une identité de technique qui va passer par d'autres courants comme le jazz ou le blues. De cette façon, chacun va développer une ouverture musicale importante.

On a des instruments d'études où les enfants peuvent se faire la main. On peut commencer à faire de la vielle vers 5 ans. Il y a Joël Traunecker (Carlat-Cantal) qui en fabrique de toutes petites (la TPV. Photo ci-jointe).

Nous avons des partenariats avec le Festival de guitare d'Issoudun, le Musée de Montluçon, les Gars du Berry,  La Chavanée, Les Chnut (Collectif hilarant nullement utile à la tradition) qui ont moins de trente ans qui nous proposent de la musique traditionnelle avec toute leur envie et énergie. Le problème reste à se faire connaître auprès des médias. On parle beaucoup de la musique bretonne ou celtique, mais rarement de celle du Centre France.

En ce qui concerne le futur et 2019, le festival a l'air de bien s'engager. Cette année nous avons eu une belle ambiance grâce à la présence du public. Celui- ci est majoritairement musicien et donc automatiquement acteur de l’événement. C'est pour cela qu'on peut entendre autant de bœufs musicaux qui correspondent à autant de régions et pays et c'est ce qui créé la couleur du Son continu.

Joël Traunecker, luthier, Cantal. La toute petite veille, la TPV. Photo:  Caroline Barray.

Joël Traunecker, luthier, Cantal. La toute petite veille, la TPV. Photo: Caroline Barray.

Violons du Massif Central. Photo: Patrice Dalmagne.

Violons du Massif Central. Photo: Patrice Dalmagne.

Sieste musicale. Photo: Caroline Barray.

Sieste musicale. Photo: Caroline Barray.

Publié dans Festivals

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