Clarisse Lavanant.

Publié le 18 janvier 2025 par Raimbourg Frantz-Minh

On connaissait la chanteuse entre autres pour son rôle de Séphora, femme de Moïse, dans la comédie musicale «Les 10 Commandements », puis pour sa longue collaboration avec le guitariste Dan Ar Braz et d’autres comme Alan Stivell, Tri Yann, Gilles Servat ou Soldat Louis…

Mais Clarisse Lavanant, c’est aussi de longues tournées estivales souvent en solo ou en duo dans les chapelles, les églises du pays Breizh et bien sûr une discographie impressionnante.

Nous avons profité d’un de ses rares passages en Île-de-France (avec le spectacle « Cœur de Bretagne) » pour la rencontrer et évoquer son nouvel album.

Photo : Frantz-Minh Raimbourg.

« Kan ar yezh » est ton 13ème disque et le premier composé de chansons originales en langue bretonne ?

Tout à fait. Cela fait une dizaine d’années que je le porte en moi, même si il y a eu d’autres projets discographiques entre-temps. J’ai vraiment l’impression qu’il est arrivé au moment où il le fallait.

Raconte-nous ce long chemin que tu as voulu et choisi ?

Quand je suis revenue vivre en Bretagne, j’ai eu envie naturellement de chanter dans la langue des gens de l’endroit où j’habitais. Je l’ai d’abord étudié toute seule avec la Méthode Assimil puis en prenant des cours du soir avec KLT (Fédération des Associations bretonnes du Pays de Morlaix). Au bout de trois années et avant de suivre une formation de plusieurs mois avec Stumdi à Landerneau, j’ai écrit « Kan ar Yezh »» qui signifie « le Chant de la langue ».

J’ai commencé réellement à interpréter quelques titres en Breton dans ma trilogie enregistrée des chansons de Glenmor (« Mémoire Vivante ». 2009, « Je te souviens Glenmor ». 2011 et « Vingt ans d'abord » en 2016.).

Photo livret : Bernard Galéron. Autre photo : Frantz-Minh Raimbourg.

Parlons maintenant de ces 18 titres !

Certains ont été composés à la voix et parfois à la guitare. Il y a quelques années, j’étais en pleine période de découverte, les musiques me venaient rapidement. Puis, plus j’avançais dans mes connaissances, plus les mots arrivaient avec facilité.

Il y a beaucoup de thèmes différents dans ce nouvel opus. J’évoque évidemment mon amour pour ce pays et cette langue avec par exemple « Pemp Bugel » (« Cinq enfants ») qui rêve du retour de Nantes en Bretagne. Il y a une reprise de « Karantez Vro » (« L’Amour du Pays ») de la poétesse-paysanne Anjela Duval et Véronique Autret (compositrice et chanteuse du groupe Gwalarn). J’ai adapté le célèbre morceau occitan « l’Encantada » (« L’Enchantée ») du groupe Nadau. On retrouve « Meulgan Ar Merc’Hed », ‘l’Hymne des Femmes » de Monique Wittig et Antoinette Fouque que j’avais interprété lors de la première Coupe des Lutteuses de gouren à Grâces.

Je chante aussi les merveilles de la nature, un arbre, des traces de pas sur le sable…mais également le triste sort qu’on lui réserve souvent. Il y a également d’autres sujets comme les réjouissances à la sortie d’un confinement ou parfois plus personnels, comme le temps qui passe, l’absence d’un enfant, l’amour pour un être,…

Comment a-t’il été réalisé ?

Je travaille depuis des années avec le musicien, arrangeur et ami Philippe Guével. J’arrive avec mes chansons, ma voix et parfois ma guitare. Il me dit : « Va au micro, chante ! » (Sourire) et il se met au piano… Suivant les paroles, les morceaux peuvent avoir une orchestration intimiste ou plus festive. Mais la langue bretonne elle-même avec ses sonorités est déjà un voyage, autant vers soi que vers les autres.

Photo : Frantz-Minh Raimbourg

Tu fais également partie du spectacle « Cœur de Bretagne » ?

J’en suis la chanteuse principale. C’est un "road-movie" visuel et musical qui regroupe une vingtaine d'artistes (chanteuses, musiciens, danseur.se.s) sur scène. L’idée de base vient du directeur de production chez Nevez Productions Killian Hamon qui est malheureusement décédé à 36 ans en avril 2024.

Quels sont tes souhaits pour 2025 ?

Il y en a beaucoup. J’espère entre autres faire vivre « Kan ar Yezh » sur scène lors de mes concerts à venir. Chanter en Breton est ma façon de rendre hommage à un pays qui m’a beaucoup donné.

Entretien réalisé au Plessis-Robinson par Frantz-Minh Raimbourg.