Antonio Placer.

Publié le par Raimbourg Frantz-Minh

Entretien avec le chanteur, poète, compositeur et arrangeur espagnol à l’occasion de la sortie il y a quelques mois de son album « Trovaores ».
Photo: Mélanie Petrarca.

Photo: Mélanie Petrarca.

Parlez-nous de votre enfance !
Je suis né en Galice en Espagne et je suis l’aîné d’une fratrie de 7 enfants.. Ma mère était républicaine. Mon père, bijoutier de son métier était un homme autoritaire et pétri de contradictions. Il m’a transmis, sans doute malgré lui, l’amour des mots, de la langue et de la culture. Il aimait la musique et jouait de la guitare, c’était un passionné de poésie, surtout Federico García Lorca, Tagore ou Whitman. Pourtant, Il ne voulait pas que je devienne artiste… C’était une famille divisée politiquement comme beaucoup à l’époque. Quand Franco est mort au milieu des années 1970, j’avais 20 ans. Je suis d’abord parti à Madrid, j’ai commencé à apprendre la musique, en cachette afin que mes parents ne l’apprennent pas.
En 1978, vous arrivez en France ?
Oui, au départ, j’étais venu pour étudier l’économie de l’énergie. Ma famille espérait que je devienne banquier, grand patron ou même ministre ! Très rapidement, j’ai fait connaissance avec des musiciens de jazz de la région de Grenoble où j’habitais. J’écrivais mes premières chansons et ils m’ont proposé de travailler avec eux. Tout en poursuivant une scolarité, j’ai appris la guitare, lu des traités d’harmonie, j’écrivais mes premières chansons et je chantais pour mes amis des œuvres de chanteurs espagnols comme Paco Ibanez, Luis Llach et sud américains tels Daniel Viglietti ou encore l’immense Atahualpa   Yupanqui… Pendant plusieurs années, je me suis ainsi « formé » au chant, aux arts du spectacle et j’ai également enregistré plusieurs disques  au sein de diverses formations comme « les Jeux de la Tribu » ou même un groupe de salsa.
Que s’est-il passé ensuite ?
Entre 1988 et 1995, je suis parti vivre au Brésil. J’ai rencontré là-bas de nombreuses personnalités comme Chico Buarque. En 1993, j’ai fait paraître un premier disque sous mon propre nom et avec Pascal Lloret (« Madre Latina »).
Depuis cette époque, j’ai toujours eu la chance de collaborer avec des artistes venus des musiques populaires ou contemporaines et qui étaient avant tout des ami(e)s. Je peux citer Renaud Garcia Fons, Jean-Marie Machado, Carlos Rizzo, Fernando Suarez Paz (le violoniste d’Astor Piazzolla), Negrito Trasante, le bassiste Steve Swallow ou encore Elena Ledda et la regrettée Angélique Ionatos.  J’ai composé plus de 20 créations originales sur les scènes nationales et internationales de plus de 30 pays. J’ai participé au film « la Maison de la Radio » de Nicolas Phlibert et j’ai publié 13 disques.
Photos : Mélanie Petrarca.
Photos : Mélanie Petrarca.
Photos : Mélanie Petrarca.

Photos : Mélanie Petrarca.

Comment définiriez-vous votre musique ?
J’ai l’impression d’être difficilement classable ! Comme je le disais, mon travail avec tous les musiciens cités m’a fait voyager aux frontières du tango, du flamenco, du fado, du jazz mais aussi de la musique classique et de la musique de scène… L’Espagne, la Galice mais aussi l’Italie sont cependant toujours présentes d’une façon ou d’une autre dans cette discographie.
Photo : Mélanie Petrarca.

Photo : Mélanie Petrarca.

Votre dernier album  se nomme « Trovaores » ?
En septembre 2015, on m’a proposé d’être le directeur artistique du NTSMB (Nouveau Théâtre Sainte Marie d’en Bas) de Grenoble. Ces nouvelles fonctions me laissant peu de temps, il y a eu plusieurs années avant la sortie de ce disque.
Ce projet s’est fait à la suite de nombreuses rencontres. Au départ, il y a la volonté du directeur de la Maison de la Culture de Grenoble de m’associer au 50ème anniversaire du lieu. Mon ami, l’auteur Jean-François Carcelén qui avait envie de m’entendre avec un artiste issu de la scène flamenca m’a permis de contacter Antonio Campos qui a chanté pour les plus grands danseurs et chorégraphes.
« Trovaores », cela veut dire « Troubadours ». Ce disque enregistré en public est la rencontre et le dialogue  entre ma Galice natale, le Cante Jondo (« Chant profond » en espagnol andalou), et les montagnes enneigées de Grenoble. Le répertoire est le choix de Jean-François. Sur scène, nous sommes entourés de 4 musiciens formidables dont le pianiste Pablo Suárez et le guitariste Juan Antonio Suárez « Canito » qui ont créé les arrangements et du danseur Andrés Marin. La scénographie est de David Pérez. J’étais un peu inquiet à l’idée de chanter des styles totalement flamenco comme la malagueña ou la farruca… Finalement, ce fut un bonheur incroyable pour chacun d’entre nous et je suis très fier de cette proposition artistique !
Des projets ?
J’écris des musiques et des poèmes, je travaille en duo avec la chanteuse, violoncelliste et guitariste, Armanda Ferry-Wilczek ou avec le pianiste Pablo Suárez. Je continue de créer…
                           Entretien réalisé par Frantz-Minh Raimbourg à Paris en 2021.  
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