La Kinkerne. Jean-Marc Jacquier.

Publié le par Raimbourg Frantz-Minh

A l'occasion de la sortie du livre-CD "La Kinkerne. 40 ans ! Le Concert Anniversaire", retour sur l'histoire du groupe avec son leader historique Jean-Marc Jacquier.
La Kinkerne "en bal" à Seynod au Festival des Empreintes Sonores. Novembre 2016. Jean-Marc JACQUIER (accordéon), Christian ABRIEL (violon), Mathieu AYMONOD (piffero) et Eric BERRA (contrebasse) (Photos: Frantz-Minh Raimbourg)La Kinkerne "en bal" à Seynod au Festival des Empreintes Sonores. Novembre 2016. Jean-Marc JACQUIER (accordéon), Christian ABRIEL (violon), Mathieu AYMONOD (piffero) et Eric BERRA (contrebasse) (Photos: Frantz-Minh Raimbourg)
La Kinkerne "en bal" à Seynod au Festival des Empreintes Sonores. Novembre 2016. Jean-Marc JACQUIER (accordéon), Christian ABRIEL (violon), Mathieu AYMONOD (piffero) et Eric BERRA (contrebasse) (Photos: Frantz-Minh Raimbourg)La Kinkerne "en bal" à Seynod au Festival des Empreintes Sonores. Novembre 2016. Jean-Marc JACQUIER (accordéon), Christian ABRIEL (violon), Mathieu AYMONOD (piffero) et Eric BERRA (contrebasse) (Photos: Frantz-Minh Raimbourg)

La Kinkerne "en bal" à Seynod au Festival des Empreintes Sonores. Novembre 2016. Jean-Marc JACQUIER (accordéon), Christian ABRIEL (violon), Mathieu AYMONOD (piffero) et Eric BERRA (contrebasse) (Photos: Frantz-Minh Raimbourg)

Parle-nous de ton enfance musicale…
Je suis d’une famille savoyarde depuis de nombreuses générations. Chez nous, tout le monde chantait et/ou pratiquait un instrument d’une façon amateur. Mon père et mon grand-père jouaient de la trompette dans des fanfares. A la maison, on écoutait beaucoup la radio Suisse, les programmes passaient régulièrement des musiques populaires et de la chanson française. J’ai commencé l’accordéon chromatique dès l’âge de 9 ans et à jouer dans les bals musette vers 14/15 ans.
Ensuite, J’ai fait du jazz, du trombone New-Orleans. J’ai eu ma « période hippie » où j’ai tout arrêté pour voyager.
Quand a commencé l’aventure de La Kinkerne ?
Pendant plusieurs années, à partir de 1971, j’ai participé aux « Etudes et Rencontres artistiques » (ERA) à Genève. Organisés entre autres par René Zosso, c’était des ateliers où se côtoyaient des musiciens du folk club Le Bourdon de Paris, Steve Waring, Roger Mason, Mary Rhoads et beaucoup d’autres… J’ai appris l’accordéon diatonique et des instruments traditionnels comme la vielle à roue, la guimbarde et la bûche de sorcière (ancienne cithare alpine proche du monocorde.  A Genève encore, au Musée d’Ethnographie, il y avait de nombreux concerts présentant des artistes du monde entier. Je suis redevable à Laurent Aubert qui s’en occupait de m’avoir permis de croiser ainsi d’autres cultures.
A la même époque, il y a eu la découverte du disque d'Alan Stivell Renaissance de la Harpe celtique. Sa démarche m’a donné envie de faire des recherches sur l’héritage sonore de ma région. J’ai commencé à faire du collectage.  Pour vivre, je faisais des remplacements de facteur dans la vallée du Giffre. Les gens me connaissaient, j’allais les enregistrer après le travail. C’était des chansons, de la musique  mais aussi des contes et légendes, des recettes de cuisine…
J’ai monté un trio avec Anne Osnowycz (chant, vielle à roue, bûche de sorcière) et Diego Abriel (vielle à roue et flageolet) que j’avais rencontrés aux « ERA ». Nos premiers concerts ont eu lieu à Genève au folk club « La Cave », puis dans des MJC des localités du coin. Comme beaucoup en ce temps là, on jouait un peu de tout : des bourrées, du cajun…En 1974, quand nous sommes devenus La Kinkerne, le répertoire s’est tout de suite axé sur la Savoie.
1973, Jean-Marc Jacquier à l'accordéon dans un orchestre folk-pop à Annemasse. (Photo DR)

1973, Jean-Marc Jacquier à l'accordéon dans un orchestre folk-pop à Annemasse. (Photo DR)

Pourquoi ce nom ?
C’est le nom de la vielle à roue en savoyard. Cela signifie aussi  une personne qui répète sans cesse la même chose... par allusion à la manivelle de l'instrument.
Que s’est-il passé ensuite ?
En 1975, nous sommes devenus un quatuor avec l’arrivée de Jean-Michel David  (violon, mandole, chant) qui était auparavant membre du « Grand Rouge ». En 1976, Evelyne Girardon (vielle, chant) Marc Charbonnel (violon, cornemuse) et Christian Abriel le frère de Diego nous ont rejoints. Nous étions donc sept sur scène.
De quand date votre première trace discographique ?
C’était sur le double album du festival de Mamirolle (Doubs) paru en juin 1976. Nous y jouons deux morceaux à danser. Le premier véritable opus de la Kinkerne (Zhe vire ma vyüla pè Gonyi mon pan. Discovale) date de 1977. Nous l’avons enregistré à cinq à Strasbourg. Pour cause d’incompatibilité d’humeur (sourire), les filles avaient quitté la formation peu de temps auparavant… En 1979, Diego est parti pour finir son apprentissage de restaurateur de meubles anciens. La même année, nous avons sorti notre deuxième galette Dedyan l'pèle (Discovale). On avait énormément de travail (concerts et bals): l’hiver, c’était des animations en station et l’été on se produisait plutôt dans les centres de vacances et les fêtes de village. En 1980, Jean-Michel a rejoint son frère, archéologue en Syrie et en mai 1982, Marc Charbonnel a abandonné la musique pour devenir guide de montagne. Reynald Breithaupt (violon, mandoline, chants), transfuge de l’ensemble médiéval « le Concert dans l'œuf » l’a remplacé. Notre dernier vinyl (Bal en Savoie. Discovale) a été réalisé en public en mai 1982. Diego Abriel y participe ainsi que monsieur Louis Ouvrier-Bonnaz, violonneux traditionnel du Val d'Arly.
Dans les années qui ont suivi,  nous avons joué dans de nombreux festivals, très souvent en Suisse et en Italie du Nord. A partir de novembre 1990, Robert Amyot (chant, cornemuses, chalumeau et flûte) a remplacé progressivement Reynald.
Les 33 tours.Les 33 tours.
Les 33 tours.Les 33 tours.

Les 33 tours.

De 1993 à 1997, il y a eu 5 éditions du festival « Musik'Alpes » à Faverges. Vous étiez très impliqués dans l’évènement ?
Tout à fait. Cela est né suite à ma rencontre avec Alain Claude, ancien directeur du Dôme à Albertville, et Jacques Dalex Maire de Faverges. Il s’agissait de réunir une fois par an des artistes venus des sept pays alpins (Allemagne, Autriche, France, Italie, Liechtenstein, Slovénie et Suisse). Les musiques traditionnelles y avaient bien entendu une place importante, mais cela restait ouvert à d’autres expressions musicales comme le jazz ou la musique classique. Pendant cinq ans « Musik'Alpes » a été le rendez-vous festif des amoureux de ces cultures.
Pendant la même période, il y a eu aussi différentes créations qui ont remporté un grand succès ?
Je pense à « Music Alpina » (1995), construit au fil des quatre saisons de la montagne et chanté en français, italien, piémontais, valdôtain et savoyard avec entre autres la Kinkerne mais aussi la famille Boniface, Mireille Ben et Evelyne Girardon. En novembre 1996, nous avons créé « la Cantate des Alpes », à Chambéry qui racontait à partir de chansons et d’un fonds de collectage de l’ancien duché de Savoie que j’avais réalisé, la rencontre d'une cantatrice renommée, Colette Alliot-Lugaz, avec des musiciens issus de la tradition et du classique. En 1999, nous avons conçu à quatre (Christian, Robert, le contrebassiste Claudius Perrin, moi-même plus  un technicien du vin et Alain Claude) un spectacle festif musical (avec dégustation) autour du « Vin de la montagne » et des vignobles qui parsèment les Alpes. Un an après, pour le millième anniversaire de la St Ours, la Kinkerne a  intégré ce qui  est devenu par la suite le "Grand Orchestre des Alpes » avec parfois jusqu’à 60 artistes sur scène et un chef d’orchestre.
Musicalpina. Photo de groupe de la troupe. 1994. (Photo DR)
Musicalpina. Photo de groupe de la troupe. 1994. (Photo DR)

Musicalpina. Photo de groupe de la troupe. 1994. (Photo DR)

21 nov 1996. La Cantate des Alpes à Chambéry. (Photo DR)

21 nov 1996. La Cantate des Alpes à Chambéry. (Photo DR)

Vous avez continué à faire des disques ?
Les spectacles « Music Alpina » et « La Cantate des Alpes » ont fait l’objet d’enregistrements publics. Nos deux premiers 33 tours ont été réédités sur une compilation Savoie (Planett WMD 242025) et nous sommes aussi sur le double CD Musique à la croisée des cultures (Archives internationales de musiques populaires. Genève.1995). Nous avons participé sur cinq morceaux à l’Anthologie de la Chanson française- La Tradition, réalisée par Marc Robine, Gabriel Yacoub et Emmanuel Pariselle au début des années 1990 (EPM). Notre premier CD: Compagnons Savoyards date de 1996. Quand à l'album qui fête nos 30 ans, c' est un "live" (2004).
2006 (Photo: Robert Jeantet)

2006 (Photo: Robert Jeantet)

22 juillet 2011 au Feufliâzhe. Soirée hommage à Jean-Marc Jacquier. (Photo: Alain Lagier)

22 juillet 2011 au Feufliâzhe. Soirée hommage à Jean-Marc Jacquier. (Photo: Alain Lagier)

La Kinkerne. Jean-Marc Jacquier.
En 2014, ce sont les 40 ans du groupe à Faverges ?
Tout à fait et en 2013, dans la même ville,  nous avions proposé une soirée sous le nom « Le Triangle du Mont-Blanc » avec de nombreux amis musiciens venus du Piémont, du Val d’Aoste, de la région de Genève, du Valais frontalier et bien sûr de la Savoie. Un DVD témoigne de ce moment précieux.
Pendant toutes ces années, la Kinkerne a toujours privilégié le plaisir de jouer, d’être ensemble et de témoigner de la richesse et du dynamisme de notre territoire et de ses régions voisines, souvent si proches.
                                      Entretien réalisé par Frantz-minh Raimbourg.

 

 

26 avril 2014. Concert-bal dans le village d'Onnion. (Photo: Sophie Jaunin)

26 avril 2014. Concert-bal dans le village d'Onnion. (Photo: Sophie Jaunin)

LIVRE-CD : LA  KINKERNE 40 ANS ! LE CONCERT ANNIVERSAIRE.
Terres d’Empreintes-Collection Patrimoine 05.
 Si vous voulez en savoir encore un peu plus sur la Kinkerne et son histoire, procurez-vous le 5ème volume de la belle collection Terres d’Empreintes-Collection patrimoine.
L’objet (avec une couverture illustrée par Lorenzo Boioli et une préface de l’écrivain britannique John Berger) en lui-même est magnifique. Il comprend deux CD présentant l’intégrale du concert des 40 ans le 18 octobre 2014 à Faverges (Haute-Savoie) en compagnie des membres actuels et/ou anciens de la formation et de nombreux complices de différentes régions de l’Arc alpin. On y trouve également un somptueux  livret de 136 pages contenant de nombreuses photos, des reproductions de documents, un historique écrit avec verve et humour par son fondateur Jean-Marc Jacquier ainsi que les paroles des chansons et une discographie et filmographie très complètes.
Que dire de plus ? Si ce n’est que ce projet réalisé par Guillaume Veillet, Alain Basso, avec l’aide entre autres de Liliane Bertolo et la collaboration des Amis de Musik’Alpes est remarquable autant sur la forme que sur le fond et fait honneur de la plus belle façon au groupe emblématique du patrimoine musical savoyard et alpin.
                                                       Frantz-Minh Raimbourg

Merci au Feufliâzhe et à Sophie Jaunin pour leur aide  précieuse.

La Kinkerne. Jean-Marc Jacquier.

Publié dans Folk

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