Chronique d'un Jour bleu (Ninon valder 13).
20 octobre 2024 - Paris.
Folk à Lier
Folk à Lier
Révolution et Cosmogonie
Chères auditrices, chers auditeurs,
L’hiver approche et j’ai envie de faire la Révolution.
De transformer toutes mes habitudes, les regarder une à une et décider si elles sont toujours vivantes, valides.
La Rêve-olution pour vivre dans sa musique, pour retrouver un source fraîche où boire de l’eau, respirer le vent d’un ciel changeant : le monde et la Terre se transforment.
Des batailles et des guerres qui nous transpercent à distances de milliers de kilomètres, nos êtres pluriels souffrent alors que certains de nos parents, amis disparaissent.
Une révolution c’est aussi tout un parcours qui nous fait revenir à un point de départ, mais transformés.
Il y a toujours des équilibres, des changements, des peurs et des certitudes. Nous suivons une route, nous cherchons l’asphalte, mais parfois le chemin de terre du troubadour, au milieu des grands arbres ou des buissons, avec le rocher qui nous attend pour nous reposer, ce chemin sera celui qui nous amènera le plus sûrement à la prochaine étape.
Troubadours - poètes - cosmogonie. La cosmogonie, scientifique ou mythique de la création du monde, inspiratrice des créations contemporaines.
Révolution de nos êtres face au changement, quelles musiques pour nous accompagner ?
Liberté - libertaire - Rompre avec ce qui ne fait plus sens. J’ouvre les yeux et je me retrouve dans ce monde où tout est devenu sous l’égide d’une économie libérale. Cela me rappelle étrangement des textes de l’époque de Ferré tient !
Je veux aujourd’hui appeler la paix, et j’ai choisi une autre poétesse, Colette Magny que nous écoutons dans « Aurons-nous point la paix ? »
ECOUTE : Colette Magny « Aurons-nous la paix »
Pour appeler cette paix dans un monde où tout nous porte à la division, je me questionne sur comment transformer notre vision du monde et de la vie que nous vivons. Quelques éléments de ce derniers mois m’ont plu, entre expositions et disques de nouveautés de musique du monde. Cela m’amène à vous partager les réflexions suivantes.
Cosmogonie : comment voit-t-on l’univers, le monde qui nous entoure. Je vois le monde par le prisme de la musique.
Suis-je une succession d’espaces finis, à hauteurs déterminées ? Ou alors un ensemble de rythmes, de polyrythmies liées entre elles ou non ?
Mon cœur, mon premier rythme, et ma respiration, mon deuxième rythme. Ils sont liés mais pas parallèles.
Notre musique a toujours eu différents usages. Par exemple soutenir le travail : les écouteurs, casques ont remplacé les chanteuses dans les arbres en Italie, alors que le travail physique des labours a été remplacé par un ordinateur. Le vent, le soleil, la terre ont été transformés en air urbain et espaces de coworking.
Nous cherchons l’appui dans ce même rythme répétitif de la musique.
Il y a la danse, la transe parfois pour un dépassement de l’être, pour un oubli de soi, se fondre dans le collectif tout en étant unique, des gnawas nous sommes arrivés au monde électronique.
Ma révolution est de rester honnête, et de continuer à créer du souffle et de la poésie.
Je suis flûtiste et je pense inévitablement inévitablement souffle. L’espace temps où l’air entre c’est le silence. Parfois le diaphragme se suspend entre deux mouvements respiratoires, silence prolongé. Puis l’expiration : le son. C’est un cycle.
et si nous sommes dans les musiques folk / traditionnelles du monde je voudrais vous parler d’une exposition que j’ai vu cet été à Rome sur la culture mexicaine pré-colombienne. Son nom : Tlapitzalli, du nom des objets qui produisaient du son avec du vent, aujourd’hui on les apparente à des séries de flûtes. Le vent, l’air, les sifflets, les tombes étaient rois et reines. Ils étaient aussi un espace de cassure dans la normalité des jours. L’air sur le biseau se fend. De cette séparation naît le son.
Le geste musical de l’instrumentiste, cette énergie pure qui dépasse la frontière du polissé (du verbe polir). Peut-être ces flûtes, ces sifflets étaient-ils simple dans leur production sonore, mais leur réalisation matérielle en terre, sont d’une incroyable qualité, beauté et d’un détail et d’une créativité magnifique.
Simple émission, quelques notes, mais tellement de combinaisons possibles. Cela va de l’hétérophonie qui signifie superposer différentes versions d’une même mélodie, aux battements qui se produisent lorsque deux instruments jouent la même note en étant désaccordés, ou la polyphonie ou la polyrythmie que nous connaissons. Tout était possible, sans oublier bien sûr l’usage de la voie dans le son du sifflet ou des flûtes.
Je pense aussi accents réalisés avec le diaphragme, bruit gutturaux, autant de mondes disparus de la musique commerciale, mais qui subissent dans les musiques de création contemporaine ou du jazz.
Normes
Normer
Normal
Je cherche à comprendre nos possibles, accueillir nos diversités, rechercher des équilibres dans nos libertés.
Évolution
Révolution
Revenir au point initial après avoir fait tout le voyage.
Si à l’époque pré-colombienne nous vivions (pour ceux qui étaient sur ce continent) dans un monde de souffle et de vent, de silence et de sons fendus, nous sommes aujourd’hui ici, et dans beaucoup d’endroits du monde, sous une autre égide. La révolution technique nous donne à entendre des compositeurs qui réalisent leurs œuvres grâce à la Musique Assistée par Ordinateur. Les sons que nous entendons sont des « samples », ce sont des « tranches » de musiciens, on a échantillonné les musiques et les instruments pour pouvoir les reproduire sur des claviers avec toujours plus de ressemblance. C’est la réalité du monde de la musique commerciale, mais aussi des musiques à l’image aujourd’hui. Pour pouvoir piloter et organiser les sons, il y a des claviers maîtres, des guitares midi. Loin du souffle et des silences.
Seuls les poètes peuvent se permettre de visiter les cieux et de rêver au-delà de notre réel. Dans Cosmogonia Larent Cavalié rêve de sa terre du Languedoc et de sa genèse. Nous l’écoutons en compagnie de Guilhem Verger à l’accordéon.
ECOUTE : Cosmogonia de Cavalié - Verger
Chers auditrices, chers auditeurs je vous souhaite un bon dimanche et surtout faite la Rêve-évolution, ouvrez vos cœurs et continuer à vivre !