Chloé breillot.
Depuis plus de 7 ans, la.titudes vous présente le plus souvent des musiciens/chanteurs reconnus et parfois même célébrés. Il arrive qu’on ait également envie de faire découvrir des voix encore discrètes mais au talent singulier et prometteur.
Chloé Breillot est de ces artistes là. Nous avons voulu en savoir un peu plus sur elle à l’occasion de la sortie de son premier EP.
Raconte-nous ta jeunesse musicale !
Je suis née à Mortain en Normandie et je ne viens pas d’une famille de musiciens. Petite fille, la nourrice qui me gardait me faisait écouter des cassettes de musique classique qu’elle recevait d’une célèbre marque de prêt-à-porter/prêt-à-tricoter (rires). Cela me fascinait et finalement j’ai pris des cours de piano et de solfège pendant une dizaine d’années. Puis, il y a eu des cours de musicologie à Angers, la découverte de l’orgue d’église et j’ai commencé également à chanter dans un chœur à l’Université. Toutes ces expériences m’ont été bénéfiques, mais je ne savais pas exactement dans quel secteur je voulais me diriger. J’ai donc continué mes études dans l’administration de la musique, j’ai fait un peu de journalisme à cette époque entre autres…
Le Classique m’a accompagné pendant toute ma scolarité. Mais, comme j’étais curieuse, j’écoutais un peu de tout, de la chanson française, du jazz, du fado…tout ce qu’on me proposait !
Que s’est-il passé ensuite ?
J’ai participé pendant 4 ans au « Laboratoire d’art choral » semi-professionnel Mikrokosmos dirigé par Loïc Pierre. Une époque très importante dans ma vie, je suis allée jusqu’au Japon avec ce groupe dans le cadre d’un concours international de chant choral. Progressivement, j’ai eu l’envie de chanter en solo et de me plonger dans l’univers des musiques « du monde », traditionnelles ou populaires. Pour cela, j’ai pris des cours au Centre de recherche et de formation Martina A. Catella, Les Glotte-Trotters, basé à Paris. A partir de 2010, j’ai collaboré à de nombreux projets en tant que soliste ou dans de petits ensembles. Il y a eu Asinora, les Jupes de ta Mère, Les Filles Indigo, d'Est en Ouest, Barco Negro... et le trio de musique argentine Las Famatinas dirigé par Ninon Valder (NDLR: voir article sur ce même blog), mon premier groupe vraiment professionnel. Depuis 2017, j’ai dirigé plusieurs ensembles vocaux et actuellement je suis toujours chef de chœur dans le cadre de l'association Le Chant du Bercail, basée en Basse-Normandie.
Quand as-tu commencé à écrire tes premières chansons ?
Depuis que je suis enfant, j’écris des textes, des poèmes… Faire le lien entre des paroles et une musique n’a cependant pas été évident. Quand j’ai eu mon premier ukulélé vers l’âge de 20 ans, j’ai commencé à improviser des mélodies. Mes premières chansons sont nées à ce moment là. Il y a eu ensuite et pendant plusieurs années une première création destinée au jeune public, « Alice sur l'ile des souvenirs », avec la chanteuse et flûtiste Sarah Lefeuvre. Ce spectacle a été publié en 2018 sous forme d'un livre-cd illustré par Clotilde Nouailhat.
Parle-nous de ton premier EP « Fille d’une terre » (Production Le Chant du Bercail. Editions (label) Les Belles Ecouteuses) !
J’ai écrit l’ensemble des textes et musiques et je suis accompagnée d’Alice Mazen au violoncelle et de Nicolas Derolin aux percussions. Je les ai rencontré tous les deux au moment du premier confinement. Il y a également quelques artistes invités sur un titre, Valentine Jé à la flûte, Samuel Maquin à la clarinette et Charles Rappoport au violon.
Je puise mon inspiration dans mon histoire personnelle et sur des ressentis, des sensations que je peux avoir. C’est comme une porte ouverte sur mon intimité… Ce disque est pour moi une synthèse de ce que j’ai vécu jusqu’à ce jour. J’évoque entre autres mon enfance en province et ma vie d’adulte en région parisienne (« Fille d’une terre »), cette distorsion que je ressens entre l’amour de la campagne et de la nature, du bocage normand, de mon envie d’avoir des projets là-bas et en même temps de tout ce qui m’attache à Paris, cette ville que j’aime tant. D’autres titres ont été écrits suite à des improvisations, des motifs rythmiques et mélodiques sur lesquels j’ai brodé les textes (« La Lune », « Quelque chose a changé »). Il y a également une valse « solaire » écrite pendant une période de déprime et qui a l’ambition de donner de l’espoir (« Il restera la joie »). « Les Mains » est peut-être la chanson la plus « sociale » : elle parle de toutes ces femmes qui se lèvent très tôt le matin, qui ont un travail épuisant… Un thème qui me touche particulièrement.
Et la scène ?
Actuellement, je me produis en solo, en duo ou en trio avec Alice et Nicolas. Dans ce dernier cas, cela reste proche du disque avec des ajustements suivant l’énergie de la salle et du public. Par ailleurs, je continue de chanter des répertoires d'autres pays, avec une prédilection pour le fado venu du Portugal.
Entretien réalisé par Frantz-Minh Raimbourg