Contrebrassens.

Publié le par Raimbourg Frantz-Minh

Entretien avec la contrebassiste et chanteuse Pauline Dupuy qui fait revivre le répertoire de Georges Brassens sous un éclairage nouveau…
Contrebrassens (Photo: ©Les Dimanches Matins)

Contrebrassens (Photo: ©Les Dimanches Matins)

Quelle a été votre jeunesse musicale ?
Je suis née en Auvergne à Aurillac au tout début des années 1980. Ma maman aimait bien chanter mais mes parents n’étaient pas spécialement musiciens. J’ai toujours eu l’amour de la musique en moi et j’ai beaucoup insisté auprès de ma famille pour jouer d’un instrument. J’ai débuté par le violon pendant plusieurs années. Après un bac théâtre option musique, j’ai passé  un DEM (diplôme d’études Musicales) de contrebasse au Conservatoire et une licence de musicologie à l’Université de Saint-Étienne. J’ai accompagné diverses formations, des musiques traditionnelles à des groupes pop-rock (Angil and The Hiddentracks) en passant par la chanson française (Brome, Cybèle Le Buis, Berline To Berk). J’ai également travaillé avec des compagnies de théâtre, en tant que musicienne mais aussi comédienne (Cie Claude Buchevald, Cie de la Commune, Cie Abribus).
Comment est né le projet Contrebrassens ?
Il existe depuis une dizaine d’années mais tourne depuis un peu moins de temps.  En 2007, lors d’une résidence avec un orchestre classique du CNSM de Lyon, j’ai découvert Georges Brassens grâce à des amis qui aimaient interpréter ses chansons. Plus tard, j’ai voulu décrypter son œuvre d’une façon plus approfondie, plus intimement sans doute. Je me suis amusée à adapter ses textes à la contrebasse, je me suis laissée porter par ce qui me plaisait, ce qui sonnait bien, d’une manière très instinctive. Ma formation classique, mon goût pour des styles plus actuels et toutes les expériences théâtrales et musicales passées… Tout cela s’est un peu mélangé et finalement la période de création qui a précédé la naissance du spectacle s’est avérée assez longue.
Contrebrassens (Photos : ©Les Dimanches Matins)
Contrebrassens (Photos : ©Les Dimanches Matins)

Contrebrassens (Photos : ©Les Dimanches Matins)

Actuellement, vous le jouez en duo ou en quartet ?
Je l’ai d’abord joué en solo. Je n’avais jamais encore tenté de création personnelle. Ce fut une expérience passionnante, mais au bout d’un moment, cela commençait à devenir pesant….
Il y a eu la rencontre avec l’auteur-compositeur-arrangeur anglais Michael Wookey. C’est un explorateur sonore qui a beaucoup d’idées et son propre univers musical. Il compose entre autres des musiques de films pour la télévision et le cinéma. Je l’accompagnais en tant que musicienne lors de ses tournées européennes. Progressivement, il est venu intégrer Contrebrassens, il est maintenant installé en France et il est devenu un partenaire musical essentiel qui est de toutes mes aventures et de tous les concerts
Le duo ArtDeko, c’est Franck Boyron (trombone, guira) et Baptiste Sarat ((saxhorn Eb, bugle). Quand je les ai rencontrés, ils avaient un spectacle instrumental autour des chansons de Bourvil et de l’œuvre du jazzman Eric Dolphy. Je trouvais qu’il y avait des similitudes avec ce que je faisais autour de Brassens et je leur ai proposé de travailler ensemble, ce qui s’est concrétisé à l’occasion de l’enregistrement du premier EP en 2014. Michael est aussi présent sur cet opus dont nous jouons toujours le répertoire en concert. L’album (« A l’Ombre du cœur ») est sorti en 2017. Il a été enregistré en France, à Berlin et en Hollande, en quartet et avec d’autres musiciens comme le violoniste Jean-Christophe Lacroix et Pierre-Alain Giraud à la clarinette.
Contrebrassens.
Le nouvel EP (« Quartet » 2020)  est un spectacle autour du thème de la femme, du couple et des relations amoureuses ?
C’est un peu la raison d’être de Contrebrassens. J’avais envie de présenter mon point de vue de femme et de prouver en interprétant ses textes que Georges Brassens n’était pas le misogyne qu’on décrivait souvent. J’ai beaucoup de respect pour l’œuvre du grand Georges, son répertoire est rempli d’humanité, c’est toujours profond, souvent drôle et parfois engagé. J’ai parfois l’impression que ses chansons sont devenues un peu les miennes...
La réalisation du disque s’est faite en plusieurs étapes. En ce qui concerne les arrangements, au départ, c’était ma contrebasse et moi. Ensuite, avec Michael, on a consolidé l’aspect rythmique et la base des mélodies. Les cuivres sont venus s’ajouter à la suite.
Quand on est entré en studio, une partie du travail était donc fait. On a enregistré en « live », dans l’esprit jazzy, en gardant cette spontanéité un peu « à l’ancienne ».
Et la scène ?
Le travail d’écriture, le soin que Brassens donnait aux mots et aux notes, tout cela donne de la matière aux interprètes que nous sommes. Avec les musiciens, il y a une vraie complicité partagée avec le public. La scène nous permet de nous amuser et de nous renouveler à chaque instant.
En tant qu’artiste, comment vivez-vous la situation actuelle et les difficultés engendrées par la pandémie et les deux confinements ?
Personnellement, je vis à la campagne dans une région très sauvage. Si je fais l’impasse sur les actualités, je peux me ressourcer et me protéger pour mettre à profit ce temps afin de le rendre créatif.
Professionnellement, j’ai la chance d’être bien entourée. On a pu reprendre les concerts dès que ce fut possible avec beaucoup de joie et les rencontres avec le public (avant le reconfinement) ont été des moments magiques. Comme beaucoup, j’attends maintenant la réouverture des salles avec impatience.
                            Entretien réalisé en novembre 2020 par Frantz-Minh Raimbourg

Publié dans Chanson Francophone

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