Amando Risueño.
Entretien avec le guitariste chanteur interprète à l’occasion de la sortie de son dernier album consacré à Atahualpa Yupanqui et à son concert (en live streaming) parisien au Studio de l’Ermitage le 10 décembre 2020.
Racontez-nous votre enfance musicale !
Je suis né à la fin des années 1960 à Buenos-Aires en Argentine. Mes parents n’étaient pas musiciens. Comme de nombreuses personnes de mon pays, ils écoutaient du tango, entre autres dans la voiture… J’étais semblable dans mes goûts à beaucoup de jeunes, je me suis d’abord intéressé aux musiques populaires comme le rock, la pop, le blues et même le jazz.
Comment avez-vous découvert la guitare ?
J’ai débuté cet instrument vers l’âge de 10 ans avec un professeur qui venait à la maison me donner des cours. J’ai ensuite étudié le répertoire classique dans une école privée puis au sein du Conservatoire national de musique Carlos Buchardo de notre capitale. J’étais partagé entre ce que j’apprenais et ce que j’écoutais par ailleurs. Plus tard, j’ai même été musicien dans des émissions de télévision.
Que s’est-il passé ensuite ?
A 30 ans, je suis revenu vers les racines musicales de mon pays. J’ai tout arrêté. C’est difficile à expliquer, mais mes activités de l’époque n’étaient plus compatibles avec ce que je ressentais. J’ai commencé à faire des recherches sur le tango qui est la musique de ma ville natale. Tout m’intéressait, autant les morceaux les plus connus que les « perles rares », aussi bien Astor Piazzola que des styles plus anciens comme le Tango Cancion (ou chanté). J’écoutais beaucoup de disques, j’ai pris quelques cours à l’Académie Nationale de Tango…
L’intérêt pour les musiques rurales et les rythmes traditionnels des autres contrées argentines est venu progressivement.
En 2011, vous vous installez en France ?
Oui, d’abord en Ardèche puis en Bretagne et maintenant dans la Drôme.
Votre premier disque soliste est consacré au tango ?
« Tangos de mi Flor » est sorti en 2013. On l’a enregistré à Rennes. C’est un peu l’aboutissement de toutes mes années de recherche sur ce sujet. C’est un disque guitare et voix. Il y a eu ensuite « Campo abierto » en 2018 où les musiques de Buenos Aires se croisaient avec des rythmes de l’arrière-pays comme la vidala, la zamba, l’estilo pampeano ou la chacarera. Le titre de l’album provient d’une chanson d’Atahualpa Yupanqui.
Parlons maintenant de votre dernier opus, dédié justement au répertoire du grand poète, chanteur et guitariste argentin !
Atahualpa a ouvert un chemin. Il a parcouru son pays et il est devenu le porte-parole des peuples des campagnes et de leurs coutumes. Ma rencontre avec son oeuvre est liée à nos racines communes, mais cela va plus loin que ça, c’est un sentiment semblable à l’amitié ou l’amour, cela vous touche ou non… Les sources de son inspiration, que ce soit dans ses textes ou ses musiques, c’est le silence, la trajectoire que la nature, le vent, la terre et ses composantes l’eau, la pierre, l’arbre ont en commun avec l’homme. La « parole» du cœur ainsi que les paysages qui entourent mon lieu d’habitation m’ont fortement inspirés pour le choix final des titres.
Aujourd’hui, on peut trouver des partitions dédiées à ses chansons et musiques réalisées par de grands musiciens argentins. Une fois que la transcription a été faite, il est possible de s’en démarquer et d’offrir, tout en la respectant et par petites touches, son interprétation personnelle. C’est ce que j’espère partager en toute modestie. Le répertoire d’Atahualpa Yupanqui est tellement immense qu’il y aura, je l’espère un deuxième volume.
Entretien réalisé à Paris par Frantz-Minh Raimbourg.