Denez Prigent (2018).

Publié le par Raimbourg Frantz-Minh

Trois ans après An Enchanting garden -Ul Liorzh vurzhudus*, le chanteur breton revient  avec un album d’une rare richesse vocale et instrumentale.
Photo: Emmanuel Pain.

Photo: Emmanuel Pain.

Denez Prigent (2018).

Pourquoi le titre Mil Hent-Mille Chemins ?

Je viens de la tradition du chant à capella. Mes textes plongent dans cette poésie séculaire où la mort existe et où les liens avec la nature et les animaux sont très présents. Ce disque n’est pas tout à fait un aboutissement parce que je suis persuadé qu’il me reste beaucoup de nouvelles routes à découvrir, mais plutôt une forme de synthèse, de rétrospective de mon parcours musical. Il y a des sonorités électroniques, d’autres moments plus acoustiques, des instruments de différents pays… Pour cela, je suis entouré d’une dizaine de musiciens : James Digger (séquences électroniques, scratchs), Jonathan Dour, Cyrille Bonneau, Ronan Le Bars, Maëlle Vallet, Antoine Lahay, Jérôme Seguin, Thomas Ostrowiecki, Hibu Corbel, sans oublier les frères Guichen qui participent également à l’album.

Comment s’est faîte le rencontre avec Yann Tiersen qui joue sur deux morceaux ?

Depuis nos débuts, nous nous étions croisés régulièrement sur des festivals et autres manifestations, mais nous n’avions jamais collaboré ensemble. J’avais écrit et composé un titre (Va Hent. Mon chemin) qui me semblait rentrer dans son univers. Je lui ai simplement demandé s’il voulait poser son piano sur ce morceau et il a accepté très rapidement. Yann qui parle maintenant breton est passé directement par cette langue et non pas par la traduction pour jouer, et cela s’entend dans l’émotion qu’il transmet.

Photo: Emmanuel Pain.

Photo: Emmanuel Pain.

La nature du pays de Léon en Bretagne a une influence sur tes compositions ?

Oui beaucoup. C’est une région où la nature est très préservée. Il y a beaucoup de tempêtes et les paysages sont découpés. C’est chaque jour un spectacle extraordinaire ! J’ai baigné depuis mon enfance dans la musicalité de la langue bretonne parlée qui a un lien évident avec la terre qui l’a  vu naître, le vent qui souffle fort, les vagues qui claquent contre les rochers. C’est là que ma graine a germé, que mon arbre a poussé… Ce qui n’empêche pas mes branches d’être à l’écoute des sons du monde…  

D’ailleurs, tu chantes pour la première fois un titre en français ?

Dans la rivière courante est une ancienne complainte dont le titre original était l’Infanticide.  C’est tout un répertoire d’une grande richesse que j’ai découvert plus jeune. J’ai recomposé un air de gwerz sur les paroles et je me suis permis de remplacer le dernier couplet de la version initiale par une note plus optimiste.

Tu t’es également  impliqué dans les dessins  du livret ?

Au départ, j’étais destiné à devenir plasticien, j’ai même suivi une formation en art à Rennes. La vie a fait que suis devenu chanteur,  j’ai retrouvé récemment cette envie de dessiner, peindre...

                                        Entretien réalisé par Frantz-Minh Raimbourg.

*NDLR : A lire : l’article « Denez Prigent ». Juin 2015 sur ce même blog.

Publié dans Folk

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