Erik Aliana.

Publié le par Raimbourg Frantz-Minh

Erik Aliana est un artiste à part dans le riche paysage musical de son pays d’origine. Nous l’avons rencontré à l’occasion de la sortie de son dernier album.

Photo: Serge Tanguy.

Photo: Serge Tanguy.

Né au Cameroun, il a grandi entre la ville et la campagne. J’ai eu la chance de connaître le pays dans son ensemble. Mon père était professeur à l’université puis proviseur de lycée et on voyageait énormément. Mais j’ai passé aussi  beaucoup de temps au village, à Badissa au centre du pays avec mon grand-père. C’est là qu’il assiste à toutes les danses, les rites, les traditions... Les ambiances, les sons qu’il entend imprimeront d’une manière indélébile sa façon de concevoir la musique. Plus tard, les polyphonies pygmées, les rythmes comme le bikutsi (et le groupe Les Têtes Brulées en particulier), le Bend-skin, l’assiko ou le makossa n’auront plus de secrets pour lui. Sa famille veut faire de lui un médecin ou un avocat et il rentre dans des écoles renommées. C’est là qu’il va commencer son apprentissage musical en jouant de la batterie dans les orchestres scolaires. Comme beaucoup de jeunes, j’écoutais des musiciens en vogue à l’époque comme Eboa Lotin ou Anne-Marie Nzié.

Les rêves de grandes études deviennent finalement de lointains souvenirs et il se fait connaître à Yaoundé, la capitale du pays, au Cabaret « la Terre Battue » créé par Steve Ndzana, le batteur de l’orchestre de la radio et télévision nationale. Il monte ensuite le groupe Korongo Jam avec lequel il traversera le continent africain.

Photo: Frantz-Minh Raimbourg.

Photo: Frantz-Minh Raimbourg.

En 2003, au cours de sa première tournée européenne, il se produit entre autres au festival Musiques Métisses d’Angoulême. Puis ce sera les Etats-Unis et l’Asie. En 2008, il est aux côtés de Manu Dibango pour  la création du conte musical L'Enfant pirogue et l'Homme crocodile. On le retrouve aussi à l’affiche d’un projet créatif unique Asie-Afrique avec la chanteuse Zimbabwéenne Chiwoniso Maraire.

Son premier album Just Africa (2006) est soutenu par l’UNESCO. En 2011, il signe chez le label Buda Musique avec Songs from Badissa puis Just my Land une paire d’année plus tard. Deux disques qui susciteront des critiques élogieuses auprès de la presse et du public.

Photo: Jean-Bastien Lagrange.

Photo: Jean-Bastien Lagrange.

Photo: Jean-Bastien Lagrange.

Photo: Jean-Bastien Lagrange.

Just my Soul (2016. Buda Musique) a été enregistré au « Deux Pièces Cuisine » à  Blanc-Mesnil dans la banlieue parisienne sous la direction artistique de François Kokelaere. Erik est à la voix, à la guitare et aux percussions. Il est accompagné par  Francis " Picket" Dschoutezo  (Basse, sanza, flûte pygmée, chœurs), son complice depuis une quinzaine d’années. C’est quelqu’un qui me protège, c’est mon frère de route, un partenaire idéal et un bassiste extraordinaire…

La musique d’Erik Aliana ne ressemble à aucune autre. Elle prend son essence dans la mémoire millénaire des traditions camerounaises: que ce soit par l’instrument ou ma voix, je garde toujours ce fond de polyrythmie, sa structure, son esthétique. Même dans les morceaux les plus « folk », il y a une pulsation qui vient de notre héritage et sans doute aussi de mon passé de batteur… Et cette douce énergie, on la retrouve de la même façon dans ses textes chantés par sa voix unique en o’sananga, français ou anglais et qui portent à la fois la sagesse des anciens (Spirituality, Ngururwô, Kindo) et un regard critique sur la société actuelle (Naror, Ngaré, Roule Camion, Raison, Kà Owa).

11 titres pour un opus en duo, joyeux, radical peut-être mais habité d’une multitude de sonorités.

                                          Frantz-Minh Raimbourg 

Photo: Jean-Bastien Lagrange

Photo: Jean-Bastien Lagrange

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