Takeifa.

Publié le par Raimbourg Frantz-Minh

Takeifa (Famille Keita), c’est d’abord quatre frères et une sœur de mêmes parents. C’est aussi un groupe pop sénégalais qui revendique haut et fort son appartenance à une Afrique tournée vers l’avenir.
Entretien avec Jac, le leader du groupe, à l'occasion de la sortie de Gass Giss, le troisième album.
© Youri Lenquette.

© Youri Lenquette.

A douze ans, j’ai arrêté de jouer au foot et j’ai commencé à faire de la danse et de la musique. J’ai supplié mon père de m’acheter une vieille guitare…elle n’avait même pas de cordes, j’ai utilisé des câbles à vélo ! Nous habitions, à Kaolack, au centre du Sénégal, à 3 heures de Dakar. Mon père étant commissaire de police, on se déplaçait beaucoup dans les régions nous explique Jac, le deuxième de la fratrie. Les parents ne sont pas musiciens mais les enfants grandissent aux sons d’artistes africains, plus particulièrement sénégalais comme Baaba Maal et des albums de musiciens pop ou folk de renommée internationale comme Police ou Tracy Chapman.
 En 1993, Jac créé un groupe avec des amis. Ses trois frères (Cheikh.guitare électrique, Iba. batterie, Fallou. Rap, percussions) et sa sœur (Maah Khoudia. basse) se regroupent autour de lui et Takeifa voit  le jour en 1998. En août 2006, Après une longue période d’apprentissage et de tâtonnement où chacun travaille le solfège et son instrument, les enfants Keita quitte Kaolack et s’installent à Dakar.
Chaque région de notre pays a des styles de musique propres à leur environnement, leur histoire et nous avons pris le temps de les écouter et de les apprendre. Mais, nous nous sommes dits : puisque notre musique est déjà plus tournée vers l’extérieur, autant faire ce qu’on connaît… Pendant ces années, nous avons enregistré nos premières maquettes, nous avons joué en première partie de nombreux artistes...
© Youri Lenquette.

© Youri Lenquette.

En 2008, nous avons sorti notre premier album (Diaspora). Nous avions la volonté de nous démarquer, de faire ce qu’on avait envie de faire, c’était à la fois du hip-hop, du jazz, du rock, de la musique afro… Les chansons sont interprétées en wolof mais aussi en français, en anglais et en espagnol. C’est à ce moment là que nous avons rencontré des gens travaillant à l’Institut Espagnol basé à Dakar. Pendant deux ans, grâce à eux, nous avons tourné en Espagne puis dans toute l’Europe. Les textes évoquent une Afrique moderne qui a quelque chose à partager, à dire au monde. Ils s’adressent aux jeunes du continent, dénoncent certains maux du pays, ce qui n’est pas toujours apprécié par les politiques.
Après un deuxième disque plus rock (Get Free. 2012), Gass Giss (2016) voit le jour cinq ans après. Le titre veut dire « Qui cherche trouve ». Avec ce dernier opus, nous avons voulu retrouver les couleurs sénégalaises. J’écris la plupart des chansons. Mais c’est la fratrie qui contribue. Suivant le rythme, la mélodie, le thème vient se greffer naturellement: l'amour, la politique... Baaba Maal  interprète un morceau ("Ndanane"). Il avait déjà joué avec nous. Cette fois, il nous a aussi prêté son studio et nous a conseillé pendant une longue période. Ce duo évoque la dignité qui est due à chaque être humain et le respect de l’autre.
Encore une fois, poursuit  Jac, nous nous adressons à la fois à notre jeunesse, mais aussi aux occidentaux pour qu’ils viennent nous voir afin de se rendre compte que l’Afrique dans une grande partie de son ensemble change à un point qu’il est difficile de l’imaginer…
                                                   Frantz-Minh Raimbourg
© Youri Lenquette. Oumou Touré.

© Youri Lenquette. Oumou Touré.

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