Mariana Ramos.

Publié le par Raimbourg Frantz-Minh

Mariana Ramos est une chanteuse à part dans le riche paysage musical de son archipel d’origine.
Nous l’avons rencontré à l’occasion de la sortie de son dernier album.
Photos: Daniel Osso.
Photos: Daniel Osso.

Photos: Daniel Osso.

Née à Dakar au Sénégal un 5 juillet, elle a d’abord été élevée par sa grand-mère, au Cap-Vert dans le quartier populaire de Monte Sossego. C’est là que j’ai passé mes premières années. Mes parents vivaient en France, ils avaient été contraints d’émigrer pour trouver du travail. Je les ai rejoints plus tard
Pendant mon enfance, j'ai été bercée par un double modèle. Maman m'a transmis l’amour de la danse. J’ai commencé très jeune et je n’ai jamais abandonné. C'est ma véritable première passion.
Mon père, Toy Ramos alias Toy de Bibia était guitariste du groupe Voz de Cabo Verde qui s’est formé dans les années 1960 pour accompagner des interprètes, des chanteurs comme par exemple Adriano Gonçalves plus connu sous le nom de Bana, Avec lui, j’ai été bercé par les rythmes capverdiens.
A la maison, poursuit la chanteuse c’était plutôt de la musique traditionnelle. Ma mère chantait et mon père l’accompagnait. J’étais enfant, j’écoutais et ce qui me fascinait, c’était de voir comment elle interprétait la morna, même si elle ne respectait pas toujours le tempo (sourire).
J’ai compris par la suite, que cette musique n’était pas triste mais simplement une douce mélancolie avec de l’espoir toujours au bout. Cette nostalgie qui nous habite et que je ressens maintenant évidemment.
À 16 ans, Mariana commence à se produire sur scène. Je me suis mis à chanter avec mon père. Il y a eu ensuite les standards de jazz, chanteuse dans les orchestres de bal. J’avais besoin de m’affranchir,  de découvrir la musique brésilienne, la chanson française, le swing…. Tout cela m’a sans doute apporté une certaine expérience tant au niveau de la scène que de l’interprétation.
 
 
 
Photo: Daniel Anger.

Photo: Daniel Anger.

La rencontre avec Teofilo Chantre, le compositeur de Cesária Évora et Nazalio Fortes sera déterminante et la ramènera vers ses origines. Ils ont les mêmes aspirations. Au fur et à mesure que j’ai commencé à chanter dans ma langue maternelle, j’ai trouvé cela plus évident, C’est comme si je parlais à mes parents, à mes frères et sœurs.
Sur mon premier album (« Di Dor Em Or ». Morabeza Records. Avril 2000), plus de la moitié des titres ont été écrits et composés par Teofilo et Nazario. Le disque a des sonorités jazz, rock, brésilien…cela correspondait à mes envies musicales de l’époque.
On la retrouve dans de nombreux concerts, autant en France qu’en Europe et même en Afrique. Elle fait ensuite paraître « Bibia » (2004. Coproduit avec Lusafrica). Cet opus est dédié à ma grand-mère, il est plus dans l’esprit de la tradition musicale du Cap-Vert.
Artiste libre et déterminée, Mariana créée son propre label (« Casa Verde ») afin d’avoir toute liberté artistique. « Mornador » (2007) et « SuaviDança » (2011) remporteront chacun un joli succès.

La Morna et Cesária Évora.

« La Morna a toujours existé. C’est une musique qui vient des esclaves et qui a évolué avec l’apport des traditions européennes, du Portugal entre autres. Ce sont des lamentations qui se sont transformées au fil du temps. »

« Je suis très heureuse de ce qu’a fait Cesária Évora pour le Cap-Vert. Grâce à elle et à ses chansons, le monde entier connaît ce pays. Nous sommes tous ses héritiers… »

Mariana Ramos.
« Quinta »(2015. Casa Verde) arrive au bon moment nous explique Mariana. Cela veut dire « cinquième », comme les chiffres de mon jour de naissance et ceux de la date de l’indépendance du Cap-Vert (05 juillet 1975).
J’ai mis trois ans pour réaliser cette galette. Pour cela, j’ai voulu retourner vers mes racines, mes « premiers amours ». Je suis allée plusieurs fois au pays, j’ai cherché de nouvelles chansons, j’ai voulu diversifier les thèmes en parlant de ce que ressentaient vraiment les habitants de l’Archipel. Cinq titres sont de Jorge Tavares Silva, un jeune auteur-compositeur de là-bas.
On retrouve les différents rythmes traditionnels: Morna, Coladeira, Funana, Batucu, Mazurca mais aussi la Samba très importante chez nous.
Je me suis entourée de quelques anciens collaborateurs de Cesária Évora, tels le saxophoniste Domingos Fernandes dit Totinho et Toy Vieira à la direction artistique.  Quand nous sommes rentrés en studio à Sào Vicente, on a enregistré tous ensemble, il n'y avait aucun stress.
Sur scène, la voix unique de Mariana interprète désormais ce nouveau répertoire, avec peut-être moins d’exubérance qu’auparavant mais toujours avec une limpidité et un brin de sophistication reconnaissables entre tous.
                                            Propos recueillis par Frantz-Minh Raimbourg.
Photo: Gérard Gouet.

Photo: Gérard Gouet.

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